ATTENTION SPOILERS : ne surtout pas lire sans avoir vu le film. (ALLEZ VITE LE VOIR !!)

Sur fond musical de BlueGrass (cousin de la Country), « Alabama Monroe » nous fait entrer dans l'intimité d'un couple dont la vie bascule le jour où leur petite fille est diagnostiquée d'un cancer. On suit alors, de manière décousu, leur vie d’avant, pleine de rires, de musique et de bonheur. Mais aussi leur vie pendant la maladie et enfin, l’après, lorsqu’il faut affronter la mort de son enfant.

Bouleversant. C’est le mot qui me reste en travers de la gorge ce matin. Je crois même que je ne suis pas tout à fait remise de la projection de la veille. Ce film m’a vraiment touché et prise aux tripes. Peut-être (c’est même plus que probable) parce que la musique country a cet effet transcendant sur moi. Parce qu’elle me parle, me fais vibrer et arrive à me décrocher des larmes. Tout comme « Alabama Monroe » a réussi à me faire craquer. Certes, ce n’est pas bien difficile : je pleure pour un oui ou un non. Mais quand même !

Alors oui, certes, le montage décousu, en flash back et compagnie est un peu dérangeant. Mais si on se focalise sur la coiffure d’Élise/Alabama c’est bon. Excellent moyen de se repérer sur la time line. Lorsqu’Élise apparait à l’écran avec des cheveux longs, c’est du passé. Lorsqu’elle apparait avec les cheveux courts, c’est le présent plus ou moins proche. J’avoue que, par moments, c’est assez enquiquinant ce montage mais en même temps il fait monter en puissance toutes les émotions. Au final, ça ne m’a pas dérangé plus que cela quand j’y repense. Et j’ai la sensation qu’en réalité toutes ces images qui nous viennent de différents moments de la vie des personnages, sont en fait tous les moments qu’Élise/Alabama voit lorsqu’elle meurt. Certain prétendent que l’on voit sa vie défilé juste avant de mourir… Cette hypothèse collerait assez avec le personnage d’Élise qui tend à croire en quelque chose tandis que Didier ne croit absolument pas en Dieu, ni en quoique ce soit. Et ceux sont ces différences qui font d’eux des personnages vraiment poignant.

On a d’un côté, Didier, ce papa très terre à terre qui, plutôt que de mentir à sa fille en lui disant que les oiseaux montent au ciel avec leurs copains oiseaux, va lui dire très crument (et avec une sincérité déconcertante) qu’il faut le jeter à la poubelle. Ca parait horrible de dire cela à une enfant, surtout à une enfant atteinte de cancer et dont la vie s’échappe. Et pourtant je n’arrive pas à en vouloir à Didier.

De l’autre côté, Élise, tatoueuse dont le corps sert de toile pour exposer ses œuvres. Si elle n’a pas l’air croyante, lorsque la mort de sa fille survient et qu’elle doit affronter cela, on a la nette impression qu’elle se met à croire en quelque chose. Elle veut croire que sa fille n’est pas vraiment partie, qu’elle revient sous différentes formes comme un oiseau, un papillon, une étoile.

Et ces deux personnages qui se sont tant aimés vont se déchirer, se briser jusqu’au dénouement fatidique. La mort d’Élise/Alabama aurait pu être presque banale, presque attendue. Elle est morte, n’en parlons plus. End of the story. Mais lorsque le groupe de BlueGrass de Didier et Élise se retrouve dans la chambre d’hôpital pour l’accompagner en musique… Moi ça me fais craquer. Un bel hommage. Une belle façon de partir. C’est peut-être cliché, ridicule et trop gros. Mais moi j’ai trouvé ça vraiment touchant, bouleversant. Parce que, à mon sens, après la mort de sa petite fille, Élise ne sait plus comment sourire et être heureuse. Mais, à travers la musique elle semble revivre un peu. On a l’impression qu’elle reprend goût à la vie. Elle s’accroche à cette musique qui l’a fait vibrer à une époque. Cette musique qui l’a rapproché de l’homme qu’elle a tant aimé. Mais ça ne suffit malheureusement pas à la garder en vie.

Parlons d’un côté plus négatif. Bah oui quand même ! Le discours bien trempé de Didier après leur grand concert. Lorsqu’il s’emporte complètement et hurle après la religion. On comprend peut-être un peu mieux pourquoi il est complètement contre toutes formes de croyances. Il blâme clairement la religion d’avoir tué sa fille. Pour moi, cet élément était vraiment de trop et est allé un peu trop loin. C’était certes un beau monologue et l’acteur a été très bon. Mais au final… on avait déjà bien compris que Didier détestait la religion. Mais maintenant Didier a peut-être perdu cet amour de l’Amérique. Il la voit telle qu’elle est : une terre où tous les rêves ne se réalisent finalement pas. Le fameux « American dream » n’est qu’une chimère.

Voilà. Que dire de plus ? « Alabama Monroe » m’a vraiment transporté et ému. Aucun doute : la musique y est pour quelque chose. Et ces personnages, tellement vrai, tellement humain, tellement bouleversant et si fragile !

La vie ne tient parfois qu’à un fil. So enjoy.
Rivendell
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le 11 sept. 2013

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