Fraternité et volupté des corps suppliciés

Librement adapté du fameux roman Au bord de l’eau de l’auteur chinois Shi Nai’an, ce All Men Are Brothers est typique du cinéma de l’ogre de la Shaw Brothers. Fait de combats nombreux et variés, à l’arme blanche ou aux poings, et traversé de débordements d’ultra violence et d’outrances gore.

Avec une écriture un peu plus soignée et un peu moins d’exposition et de démonstrations martiales, le film aurait probablement gagné en clarté. Tant le foisonnement de personnages qui entrent au gré du déroulement, est important et fait rapidement perdre le fil de cette histoire de rébellion fomentée par le général Song Jiang, interprété par l’incontournable Ku Feng et sa troupes de rebelles dans laquelle figure le tout venant de la distribution affiliée Shaw Brothers. On y retrouve les David Chiang, Ti Lung, Danny Lee, Chen Kuan-Tai, Wong Fung et un Fan Mei-Sheng totalement déchainé, composant la troupe d’insurgés face aux armées impériales de l’empereur Fang La, à qui l’acteur-réalisateur Chu Mu prête ses traits.

Foisonnement de joutes venant littéralement éclabousser l’écran de jet de sang et rythme très-trop effréné, compose cet énième wu xia pian coréalisé avec Wu Ma par Chang Cheh, le maître des réalisateurs de l’action virile et des explosions ultra-violentes.

Une nouvelle fois , les corps volent en éclat et sont littéralement déchirés par des lames assassines avec une sorte d’obsession virant quasiment au masochisme dans une avalanche de combats méthodiquement chorégraphiés par les deux spécialistes Shaw Brothers, Liu Chia-Liang et Tong Gai, qui aurait gagné à plus de clarté en nous laissant le temps d’appréhender la multitude de personnages entrant et sortant de la scène.

Malgré quelques petites réticences d’ordre scénaristiques, on reste une nouvelle fois scotché par ce spectacle total et cette viscéralité absolue dans la composition que ce grand réalisateur apportait à ce cinéma de la fraternité et de la volupté des corps suppliciés