Il faut être très indulgent pour regarder ce film jusqu'à la fin et je ne l'ai fait que parce que j'aime son réalisateur. En deux mots, c'est une gentille comédie dont l'histoire est un peu tirée par les cheveux. On cherchera en vain la noirceur et le pessimisme qui ont dominé les grands films de Duvivier. L'intérêt est ailleurs. En 1932, il n'y a pas d'argent, l'Allemagne est au fond du trou, la France est à la peine. L'idée est donc de faire un film parlant bon marché qui puisse se vendre dans les pays où l'on parle français ou allemand. En gros la France, l'Allemagne, l'Autriche, le Luxembourg, la Belgique et la Suisse. La combine consiste à réunir des acteurs français et allemands et à faire des dialogues que tout le monde arrive plus ou moins à suivre, avec un minimum de scènes tournées à double et de sous-titres. De ce strict point de vue, le résultat est assez amusant et répond à une certaine idée du cinéma européen, un cinéma qui réunit des acteurs parlant différentes langues qui seront ensuite soit doublés, soit sous-titrés. La liste de ces films que j'appelle européens est longue et contient plusieurs chefs-d'œuvres signés par des Renoir, des Visconti, des Fellini, Plus près de nous des Sharunas Bartas et des Béla Tarr. Dans un registre moins exigeant, des Klapisch et des Truffaut. Allô Berlin ici Paris n'est peut-être pas le tout premier. Il n'en reste pas moins un exemple emblématique de ces films polyglottes des débuts du parlant.

N.B. Il n'y a pas que le film qui a été fait de façon économique. Le DVD suit la même logique: gravure à partir d'un support analogique non restauré, pas de bonus, pas d'appareil critique. Dans le cas d'espèce, ce n'est pas trop grave parce qu'Allo Berlin ici Paris n'est pas une œuvre majeure. Mais c'est un scandale pour d'autres titres de cette collection bon marché. En effet, ces parutions qui n'intéresseront qu'un tout petit nombre de cinéphiles ont pour effet de décourager toute velléité de publier une édition digne de ce nom, avec restauration soignée et documents susceptibles de mettre en valeur le film.
StanLefort
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le 14 nov. 2011

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