Tolérer l'intolérable

Ce fut un plaisir de retrouver Lubna Azabal dans ce long métrage belge qui parle d'un sujet si important dans un pays qui n'a rien de laïc et où la majorité des élèves sont scolarisés dans des écoles catholiques privées.
Évidemment c'est un regard bien français que je porte là, celle d'une laïcité restrictive qui vise a évincer le religieux de l'espace public.

Ce film a de nombreux atouts: des bons acteurs, un scénario bien rythmé et une sortie qui vient faire échos aux autres films ayant pour cadre l'école (La salle des profs, Pas de vagues). Abordant cette fois-ci un sujet plus polémique : la fait religieux en classe. Comment donner cours, faire lire des poètes subversifs dans une classe à majorité musulmane ?

Le film traite bien son sujet, montre les dérives de harcèlement, de radicalisation, de taqiya, de pression sociale par la communauté, la misogynie et l'homophobie.
Cependant, je trouve que le film n'est pas assez radicale dans son propos et vient encore une fois nous servir un discours très 2015 de tolérance et de respect de la sensibilité des croyants. Le fameux mythe du "vrai" vs "faux islam". Le fameux islam qui donne une mauvaise image du "vrai" islam. Où est donc ce vrai islam? En Iran? En Egypte ? Au Maroc ? Ce discours pose problème, car il laisse penser que la religion n'est pas le problème en soi, alors même qu'elle est la source de toute cette haine et intolérance. Non, nous n'avons pas a respecter la religion, non nous n'avons pas à prendre en compte la sensibilité et les croyances des musulmans (ou tout autre croyant d'ailleurs). Il n'y a rien de respectable dans la religion, arrêtons de sacraliser des textes mythologiques qui n'ont rien a nous apprendre au 21e siècle. Comment tolérer l'intolérance ? Bref, encore un film trop complaisant qui cherche à adopter un discours miss France de religion de paix et d'amour.