Tourné 2 ans après THX 1138 qui était un film un peu expérimental, American Graffiti est le premier succès de George Lucas à l'aube de sa fabuleuse carrière de producteur ; il n'a pas encore Star Wars dans la tête et n'a que 29 ans lorsqu'il réalise cette chronique attachante de l'Amérique de sa jeunesse, car comme il l'a souvent indiqué, le film est directement inspiré des souvenirs de son adolescence et de celle de quelques-uns de ses amis, lorsqu'il vivait dans sa petite ville de Modesto en Californie. Certains ont été tués au Vietnam, et beaucoup sont morts dans des accidents automobiles, il a vraiment vécu certaines situations décrites. En se penchant avec tendresse et humour sur cette jeunesse insouciante, Lucas a également témoigné sur la fin d'une époque, celle d' une Amérique encore forte, celle où Kennedy était président et qui ne savait pas encore qu'une tragédie, la guerre du Vietnam, allait l'empoisonner et mettre fin à ses illusions.
Une époque qui vit aussi le déclin du rock'n'roll, et dont la BO restitue l'époque bénie avec une flopée de standards comme le "Only you" des Platters, le "Runaway" de Del Shannon, ou le "Green Onions" de Booker T.... au détour des scènes, la bande son imprime son identité très marquée avec Chuck Berry, Fats Domino, Bill Haley, Buddy Holly ou les Beach Boys... bref c'est un véritable régal qui rythme parfaitement l'action.
Le film possède un véritable charme à la fois ironique mais surtout nostalgique, où George Lucas témoigne d'une exceptionnelle maîtrise de la mise en scène, et où il emploie des acteurs à l'aube aussi d'une belle carrière, comme les jeunes Richard Dreyfuss, Ron Howard ou Harrison Ford. C'est aussi un véritable festival de grosses bagnoles rutilantes, aux pare-chocs chromés et aux pneus à flancs blancs. A l'heure où Hollywood accumule les teen movies plus ou moins rétro qui restent d'une grande fadeur, Lucas recrée avec une grande justesse cette Amérique du début des années 60 qui n'est déjà plus totalement celle du rock'n'roll et du coca cola, et qui va bientôt être précipitée dans l'un de ses plus grands cauchemars.

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le 27 mai 2017

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