Quel dommage que les "American Nightmare" aient été confiés à James DeMonaco, réalisateur besogneux devant l'éternel, qui aura mis un film entier à comprendre que le concept de la purge lui permettait certaines fantaisies...
En effet je n'arrivais pas à comprendre pourquoi le premier volet (celui avec Ethan Hawke) se contentait d'enfermer les protagonistes dans un banal huis clos alors que le réalisateur détenait un principe en or, lui permettant potentiellement toutes les audaces et folies visuelles dans un monde ouvert et urbain.
J'ai compris pourquoi au regard du 2ème volet...
James DeMonaco est en réalité un incapable qui a voulu masquer les carences de sa mise en scène et son manque d'inventivité en optant pour un classique "home invasion" (comme vous dites sur ce site...), qui n'était certes pas désagréable à regarder mais qui laissait quelque peu le spectateur sur sa faim, le concept de purge étant clairement sous-exploité.
La production s'est probablement aperçue qu'il y avait autre chose à faire de plus grand, de plus fou, de plus violent, de plus subversif... mais a confié la réalisation au même tocard sans talent!
Ainsi au lieu de se retrouver face à un des films les plus marquants et controversé du 21ème siècle et potentiellement à un nouveau genre prometteur au cinéma ("l'apocalypse urbain") nous ne pouvons que nous contenter d'une petite série B frileuse et timide à la narration convenue (arf!)
DeMonaco n'assume clairement pas le concept génial qui lui est pourtant offert sur un plateau et décide de se rassurer en usant de clichés vus et ressassés 1000 fois dans ce genre de film: un héros ténébreux invincible (mélange de Statham et Jason Burne) qui laissera de côté ses objectifs de vengeance pour aider un groupe de survivants décérébrés sans charisme, permettant ainsi au spectateur de percevoir qu'il a finalement un cœur (alors qu'on s'en fout royalement...)
Peut-être même pire, le réalisateur ose intégrer à son film une dimension critique et politique alors qu'il n'a clairement pas les moyens de le faire, sa réalisation s'avérant d'une pauvreté absolue.
En effet ce 2ème volet se pare d'une dimension sociale et d'une critique démagogique de l'institution, le gouvernement envoyant des groupes d'intervention dans les ghettos pour tuer des pauvres et les riches kidnappant ces mêmes pauvres pour s'amuser à les chasser, la purge n'étant donc qu'un prétexte permettant aux autorités de se débarrasser des pauvres (ça fait beaucoup de pauvres tout ça...)
Cette orientation simpliste et moraliste du scénario pour le moins ringarde et convenue ruine totalement l'atmosphère du film, les quelques scènes inventives, trop rares et éphémères (la guillotine et le bus enflammé), ne provoquant ainsi absolument pas l'effet escompté chez le spectateur qui suivra finalement cette "nuit de cauchemar" avec un certain désintérêt.
Imaginez plutôt ce qu'un concept pareil aurait pu donner si le réalisateur avait eu l'audace (les "couilles" je devrais dire...) de filmer la purge "de l'intérieur", en se dispensant de son groupe de personnages caricaturaux: il y aurait pu y avoir des fusillades dans tous les coins de rue, des meurtres en série, des attaques de bâtiments à l'arme lourde, des snipers planqués à chaque fenêtre, des hélicoptères mitraillant la populace, des véhicules à la "Mad Max" partout en ville, des combats de motards à la "Akira", des guerres de gangs, des mecs en costumes de ninja découpant des civils à l'arme blanche (pourquoi pas?), des "lâchers" d'animaux sauvages chassés ensuite par des consanguins dégénérés, des dinosaures, des filles à poil, des viols collectifs! (Oula, je vais trop loin là...)
Au lieu de ça, DeMonaco (cette lopette) nous offre: un carnaval!
Et attention pas celui de Rio de Janeiro hein, mais plutôt celui de St Remy les Chevreuses, les rues étant désespérément vides et dépourvues d'animation. Que de regrets...
Ce film comprend donc à la fois ce que j'apprécie le plus dans le cinéma, à savoir un concept novateur, original et permettant (a priori...) toutes les folies visuelles, mais aussi ce que je déteste le plus: une réalisation banale, frileuse et sans virtuosité d'un metteur en scène incapable d'assumer le sujet qui lui ait confié.
La production aurait dû engager Carpenter, cette "anarchie" s'avérant finalement bien sage.