L'Amérique de papa

Biberonné aux films patriotiques américains des années 1990, j’espérais retrouver dans le dernier film de Papy Estwood (84 ans au compteur) la nostalgie de mon enfance. Pour cela, American Sniper remplit le contrat. Pour certains, ça tourne au risible. Mais force est de constater qu’à l’exception des inévitables saluts américains et de quelques scènes moyennement amenées, le plus que républicain réalisateur ne tombe pas dans l’excès. Et à la lecture du livre dont est tiré le film, il y aurait franchement de quoi. Chris Kyle, la « légende », accréditée de 160 « kills » retrace dans le best-seller littéraire son action en tant que sniper chez les fameux SEALS. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a une vision de la guerre en Moyen-Orient peu nuancée. Ne cherchez pas d’empathie pour l’insurgé, très peu pour le civil irakien. A l’opposé, si vous aimez les discours patriotiques et les armes, ce livre est fait pour vous. Eastwood respecte donc la vision de feu Chris Kyle en édulcorant néanmoins l’amour de la nation de ce dernier. Etonnant de la part d’un réalisateur dont on connaît les affinités républicaines et son côté « réac ». Mais ne vous attendez pas néanmoins au supplément d’âme que trop peu de films américains traitant du sujet de la guerre possèdent. Point de réflexion sur le bien et le mal. Pas de remise en question. Le postulat du bien fondé de la guerre n’est jamais mis à mal. Les gueules cassées, les enfants abattus ou torturés bien que filmés ne viennent pas ralentir la machine propagandiste velléitaire de Eastwood.
D’un point de vue purement cinématographique, le film ne cherche pas le clinquant, pas de séquence mémorable. La caméra est là pour raconter une histoire et si je ne suis pas un inconditionnel du metteur en scène, il faut lui reconnaître ce talent, celui du récit. On se laisse emporter au sein de cette guerre. Certains passage du livre ont été « chintés » (la spécificité du rôle du sniper notamment) pour offrir une histoire facile à ingurgiter.
Le bon film popcorn du dimanche soir. De l’efficace.