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Arrivant après la guerre et étant complètement passé à coté de ce film (oui, j'ai habité dans une grotte les 6 derniers mois, on appelle ca l'hibernation), je m'installe dans une salle pleine à craquer.

Assez rapidement, je comprends le propos du film: accident ou homicide ? Et comme à chaque fois, je me rends compte que je ne comprends pas le propos du film: on se fout de cette question.


Anatomie d'une chute nous introduit le personnage de Sandra, de la manière la plus humaine possible: plan resserré, avec une caméra souvent à l'épaule, renforcant cette sensation intimiste. La victime, elle n'est initialement même pas montré à l'écran. On choisit donc son camp, dans la première demi-heure, assez naturellement.


Et c'est à partir de cette graine germée, ces images insidieusement orientées, que l'on poursuit l'enquête, qui nous semble injustement accusateur (les enquêteurs sur le lieu du crime, la barrière de la langue rendant la défense parfois maladroite,...).


Et plus l'intrigue avance, moins nos certitudes semblent infaillibles ; à l'instar d'un Rashomon (Akira Kurosawa), on comprend que les images montrées ne font pas office de vérité, que l'absence de matériel pour l'enquête, de preuves tangibles, nous fait quitter l'approche purement cartésienne que l'on pensait avoir pour un jugement beaucoup plus émotionnel, subjectif. On passe du net au flou.

Pourquoi croyez vous ce que l'on vous montre comme une "reconstitution des faits" par Daniel dans le chalet ? Il est malvoyant, il connait moins bien l'intérieur de ce chalet que vous. Ces images ne sont pas tant l'auto-persuassion de Daniel qu'une facon de convaincre le spectateur.

A la fin de la dissection de ce couple, un jugement, binaire, tombe, et au final peu importe. Il ne tient finalement qu'à presque rien de plus qu'au "promis, juré, craché" d'un enfant.

Créée

le 14 janv. 2024

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