L'exode rural menace Mérindol, village du Lubéron. Et l'exode rural, sous Pétain, c'est l'hérésie et le malheur (et d'ailleurs on apprendra qu'un joyeux migrant est mort à 35 ans dans la rue, dans la misère et sous la pluie en plus. Comme quoi, fallait pas partir). L'ingénieur agronome Sabin (René Dary) serait bien resté mais le rejet de ses concitoyens et l'attrait des plaisirs de la ville auront raison de son serment.
Le film est une comédie -sur le mode provençal d'abord- dont le message est tellement évident et surligné qu'il fait figure de film à thèse. C'est son intérêt fondamental car le scénario et la mise en scène sont quand même sommairement bricolés.
"La terre ne ment pas", on connait le refrain maréchaliste ; il prend ici tout son sens parce qu'il se confronte tout au long du film au milieu parisien qui est tout son opposé, faux et mensonger par définition : le cinéma. La campagne contre la ville, le noble travail des champs versus la corruption des studios -actrice séductrice et capricieuse, producteur véreux (Jules Berry, évidemment) - combien de temps faudra-t-il au personnage de René Dary pour comprendre qu'il fait fausse route ? Et que dire de cette séquence où Lysiane Rey, descendue de son tracteur pour monter à Paris, tance et dit son fait à un cinéaste qui acquiesce...?
Il est assez curieux de voir à quel point ce film dénigre le cinéma et ses professionnels suivant un esprit satirique au demeurant assez grossier. Il ne m'étonnerait pas que le scénariste et dialoguiste Marc-Gilbert Sauvajon s'amuse à régler des comptes.
La conclusion donne dans l'allégorie assez risible ; le film est tellement militant qu'il donne à penser qu'il a été conçu en collaboration avec les services de la propagande de Vichy.