Jacen - Trip in Asia

Aragami (2003) - 荒神 / 78 min.
Réalisateur : Kitamura Ryuhei - 北村龍平.
Acteurs principaux : Osawa Takao - 大沢たかお ; Kato Masaya - 加藤雅也 ; Uotani Kanae - 魚谷佳苗.
Mots-clefs : Japon ; Chanbara ; WTF.

Le pitch :
Deux samouraïs en perdition, blessés à mort, se réfugient dans un temple habité par un samouraï et sa servante. Les hôtes, d'abord accueillants, révèlent au fur et à mesure du récit leur vraie personnalité.

Premières impressions :
Quelques mois avant de tourner le spectaculaire Azumi, le réalisateur Kitamura Ryuhei se trouvait en Allemagne pour un festival de cinéma et y rencontra son homologue Tsutsumi Yukihiko dont il avait beaucoup apprécié « Chinese Dinner », un film tourné en huis clos mettant en scène seulement deux protagonistes. Ce que Kitamura ne savait pas, c’est que pour réaliser « Chinese Dinner », Tsutsumi s’était lui-même inspiré du premier film de Kitamura « Heat after dark ». Il n’en fallut pas plus aux deux hommes pour envisager une collaboration qui prit la forme d’un petit concours : tous deux devaient tourner un film en huis clos, avec seulement deux protagonistes puis demander aux spectateurs de les départager.

L’idée était trop belle et trop idiote pour être ignorée, aussi Kitamura mis de côté temporairement la préparation d’Azumi pour se consacrer pendant quelques semaines à ce projet, au grand damne de ses producteurs. Pris de court et ayant toujours voulu réaliser un chanbara, un film de sabre japonais, Kitamura écrivit un scénario très simple autour d’un duel de samouraï se déroulant dans un vieux temple mystérieux : Aragami était né.

Pour être tout à fait honnête, il ne s’agit clairement pas du meilleur film de Kitamura et même si le film est cool, le manque de moyen, de temps et la faible durée du tournage (sept jours) se fait quelque peu ressentir à l’écran. Le film ne s’embarrasse d’ailleurs pas de contexte et débute directement sur un samouraï grièvement blessé qui entre dans un vieux temple où il est recueilli par un homme inquiétant et une jeune femme énigmatique. Le lendemain, le guerrier est mystérieusement guéri de toutes ses blessures et un long dialogue s’installe entre les protagonistes. Si les premières minutes m’ont plongé dans le film, le scénario peine ensuite à décoller et malgré une durée relativement courte (78 min), j’ai bien failli m’endormir avant que le duel tant attendu ne commence. Le film s’accélère alors dans un foutraque de combat qui s’annonce comme une répétition des duels de Azumi, à la fois cheap et spectaculaire.

Si vous n’avez jamais vu un film de Kitamura (Azumi, Versus, LoveDeath), vous serez peut-être étonné du style du réalisateur connu pour ses combats aussi fun qu’irréalistes mais qui sont toujours dotés d’une grande qualité d’image malgré un ton souvent nanardesque. Hélas, Aragami ne fait pas exception et si le réalisateur se montre sérieux dans la technique, nous offrant quelques très beaux plans séquences, il part en freestyle complet sur la coloration en collant une immonde teinte vert/violet à ses images soutenues par une musique qui fleure bon le mauvais film érotique des années 90.

Pour conclure, Aragami est un bon petit film de divertissement offert par un réalisateur auto-didacte, fan de Highlander, et avec qui je partirai bien en vacances tant il a l’air cool en interview. Bien entendu il ne s’agit pas d’un film très intellectuel et il ne faut certainement pas en attendre une immense réflexion philosophique malgré ses dialogues qui se donnent des grands airs. Pour ce qui est du concours, je ne sais pas qui de Aragami ou 2LDK, le film de Tsutsumi, eut les faveurs du public, néanmoins sachez que vous pouvez vous faire votre propre avis car les deux films sont disponibles en DVD chez We production pour une somme modique. J’en profite d’ailleurs pour glisser un petit mot sur la très grande qualité du coffret DVD, qui tant au niveau de la qualité d’image et de ses bonus disponibles, mérite vraiment d’être acheté.