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Après avoir établi la chronique de cet excellentissime roman éponyme d'Erich Maria Remarque, je me devais de faire le compte-rendu du film éponyme de Lewis Milestone …

À chaud, c'est encore meilleur. Je suis encore tout imprégné des personnages du roman que je viens de quitter et prends un immense plaisir à les retrouver physiquement dans un film. J'adore ça.

Bien que les 400 pages ne puissent tenir dans un film de 2 heures, l'essentiel du roman y est. Même si le choix de Lewis Milestone fait peser un poids relativement plus important de la romance Ravic / Jeanne que dans le roman. Ce choix fait que le film tend beaucoup plus au mélodrame en effaçant ou atténuant les scènes où le docteur Ravic entretient des relations avec ses patients ou avec les autres réfugiés. En d'autres termes, le roman était d'abord un livre sur la vie des réfugiés illégaux en France avant-guerre. Le film, lui, est plutôt un mélodrame sur fond de contexte de réfugiés sans papiers dans l'attente des hostilités.

C'est un peu dommage. Je me demande d'ailleurs si le film n'aurait pas eu plus de succès ou de punch si Milestone avait mieux rééquilibré l'intrigue par rapport au roman.

Là encore, je n'en suis pas certain mais il s'agissait peut-être de mieux mettre en lumière le personnage de Jeanne Madou (Joan dans le film) pour l'actrice Ingrid Bergman alors au faite de sa gloire … face à Charles Boyer dans le rôle du docteur Ravic. Ingrid Bergman y tient un inhabituel rôle de femme toxique face à l'humaniste Charles Boyer.

D'autant que quelques années auparavant, "Hantise" de Cukor, mettait en scène le même couple dans un rapport inversé où Ingrid Bergman était la victime de Charles Boyer.

De ce point de vue, si je me contente d'analyser le film sous l'angle mélodrame, il ressort que l'interprétation des deux acteurs Charles Boyer et Ingrid Bergman dans "Arc de Triomphe" me parait très réussie. Personne n'osera me contester si je dis que Ingrid Bergman est encore une fois sublime. Même si, au fond de ma petite tête, je n'aime pas voir Ingrid Bergman dans un rôle – qu'elle tient parfaitement ! - de femme toxique.

Je connais moins bien cet acteur français très hollywoodien, Charles Boyer. Son interprétation, pleine de mesure et de pudeur, est assez conforme à l'idée que je me fais du personnage du roman.

Un mot sur Charles Laughton dans le rôle du tortionnaire nazi à la fois, en goguette et en mission à Paris. Le rôle dans le film ne me semble pas assez fouillé. Le jeu de Laughton, plein de cabotinage, ne le rend malheureusement pas très crédible.

Le rôle de Morozov, portier de boite de nuit, ancien colonel russe est tenu par un très convaincant Louis Calhem ; on peut regretter que son rôle soit moins important que dans le roman mais ce n'est pas bien grave.

En conclusion, les choix opérés par le cinéaste rendent le film moins puissant et moins actuel que le roman. Les rôles - essentiels – de Ravic et Jeanne (Joan dans le film) sont très bien tenus par Charles Boyer et Ingrid Bergman.

Si j'étais honnête, je devrais mettre 5 ou 6 au film en tant qu'adaptation du roman. Mais mon problème existentiel de la présence d'Ingrid Bergman dans un film, me pousse irrésistiblement et sans regret à hausser ma note vers 7 …

JeanG55
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le 28 déc. 2023

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