"Aristocrats" se résume à son titre et je n'y ai décelé aucune tentative de regard sociologique ou critique, une prise de distance vis à vis de son sujet. Yukiko Sode filme ce groupe social ad nauseam, le prétexte étant l'histoire d'un mariage arrangé, problématique qu'évoquaient certains films d'Ozu, placées dans d'autres classes sociales, mais d'une toute autre finesse. Le personnage principal semble être hors du film, pas vraiment là, c'est seulement à la toute fin qu'elle devient vivante. Cqfd ? Chacun joue consciencieusement le rôle archétypal qui lui est échu, la plupart des personnages dégageant une forte antipathie, particulièrement celui du mari.
Le film est construit par chapitres, censés donner une articulation à l'ensemble. Las, de travellings répétitifs dans Tokyo (qui semble en construction) aux plans dans des intérieurs cossus, l'ennui d'un surplace tenace s'installe. La cérémonie du mariage ne dure que le temps d'un plan. Tant de discussions pour çà ! La réalisatrice révèle dans cette brièveté comment cette histoire va se terminer, puisqu'elle montre qu'elle n'a pas vraiment commencé. Une musique néoclassique sirupeuse accompagne cette série de fausses belles images. Comment Hanabi, site sur la culture japonaise, a-t-il pu élire "Aristocrats" meilleur film japonais de 2022 ? Le nouveau film de Ryusuke Hamaguchi sort la semaine prochaine, le nouveau Koji Fukada au mois de mai... De quoi oublier ce film auteuriste qui ne dépasse malheureusement pas le niveau d'un sit-com.