Production thaïlandaise sortie en 2019, Une femme sur le green ou โปรเม อัจฉริยะ/ต้อง/สร้าง en version originale est un biopic vaguement inspiré de la vie et la carrière de la championne de golf Ariya Jutanugarn. Première Thaïlandaise à gagner, en 2016, un tournoi sur le LPGA Tour, le circuit professionnel le plus compétitif du monde (et onze autres depuis !), et à atteindre la place de n° 1 mondiale, la golfeuse et sa sœur aînée Moriya, également joueuse pro, semble avoir eu, à en lire la presse spécialisée, une enfance normale, en tous cas normale par rapport à d'autres prodiges dans d'autres disciplines sportives. Le film pourtant prend le parti d'affubler les deux fillettes, qu'on suit dès leur plus tendre enfance, d'un père tout entier dévoué à en faire des championnes, tyrannique à souhait et limite violent : réveil à 4 h 30, 50 tours de terrain, petit-déj dégueulasse, école seulement le matin, pas de sucreries ni d'amis, etc. Le personnage caricatural fait tout de suite penser au paternel de Tiger Woods, ex-Marine bien connu pour avoir poussé son fiston loin au-delà des limites...


Le film, qui suit la trajectoire d'Ariya jusqu'à sa première victoire, acquise trois longues et dures années après avoir laissé échapper un titre qui lui tendait les bras, est davantage un drame familial qu'un film de sport. Les scènes de golf, en particulier, ne sont pas convaincantes, pas plus que le rôle de Moriya qui est censée participer elle aussi aux compétitions et qui pourtant passe sa vie à regarder sa sœur depuis le bord du parcours. Ce qui est un peu plus intéressant en revanche, c'est de voir comment les motivations d'un père pour faire de ses enfants des stars peuvent amener une famille jusqu'à l'explosion : même si c'est du déjà-vu et surtout que ce n'est pas vrai en ce qui concerne les sœurs Jutanugarn, ça a au moins le mérite d'insuffler un enjeu dramatique au film.


À noter enfin le petit caméo sympathique des réelles Ariya et Moriya, qui apparaissent quelques secondes dans un restaurant où la plus jeune des sœurs, fan de bouffe, est en train de passer une copieuse commande. D'ailleurs, même si Ariya est surnommée « Bouboule » par Moriya et que dans la vraie vie elle a davantage le physique de l'animal emblématique de son pays (l'éléphant) que d'une biche, l'actrice qui l'incarne est aussi charmante qu'élancée. Comme quoi, même à Bangkok, les codes d'Hollywood ont force de loi.

mazthemaz
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le 16 nov. 2021

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