L’idée était bonne de faire un film sur le destin très romanesque d’Artemisia Gentileschi, l’une des premières femmes peintres dont l’œuvre rencontra un grand succès à son époque puis traversa plusieurs siècles d’oubli avant d’être redécouverte au XXe siècle. La première partie du long-métrage d’Agnès Merlet suit les débuts difficiles d’une artiste très douée obligée de jouer les voyeuses pour s’initier aux secrets de l’anatomie. La description de la vie quotidienne des artistes, du travail en atelier et des différentes techniques de peinture (notamment l’utilisation d’un système de quadrillage pour reproduire la perspective) sont plus intéressantes que l’intrigue proprement dite qui accumule les clichés sur la féminité et la découverte de la sexualité dans un style très téléfilm. Par contre, la deuxième partie, qui relate une relation passionnée entre Artemisia et le peintre Agostino Tassi qui l’initie à la fois aux secrets de la perspective et aux plaisirs de la chair, tient de l’escroquerie tant elle va à contre-sens de la réalité historique. Dans les faits, Artemisia avait bel et bien été violée par son professeur qui promit dans un premier temps de l’épouser avant de se rétracter. L’affaire fut portée en justice par le père d’Artemisia et Tassi finit par être condamné à deux ans de prison. Durant l’instruction, qui dura plusieurs mois, Artemisia dut subir un examen gynécologique humiliant et soumise à la torture pour vérifier ses affirmations. Le courage et la volonté qu’elle manifesta durant cette douloureuse période n’avaient par pour but de sauver son amant, comme le raconte le film, mais au contraire de dénoncer sa violence et de le faire condamner. Pour un film qui prétend à une certaine véracité, ce genre de dérive d’interprétation est difficilement excusable.

SteinerEric
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le 10 sept. 2020

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Eric Steiner

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