Je ne sais pas si il faut plaindre ou envier Walter Neff. Le vendeur en assurances talentueux de la Pacific all risk insurance se retrouve embarqué dans le manège désenchanté dirigé par le minois d'une des plus belles maitresses qu'il soit, l'énigmatique Phyllis Dietrichson. Un regard, c'est tout ce dont elle a eu besoin pour le désarçonner, lui le beau parleur en quête du prochain pigeon à qui faire les poches. Venu pour simplement renouveler l'assurance auto du mari de Phyllis, cette visite de routine l'emmènera là où il n'aurait jamais imaginé aller. Franchir la barrière, et passer de l'autre côté. Lui qui pensait avoir tout vu et devait se croire immunisé, le voila dans le camp du perdant, le camp du détroussé qui n'a jamais vu rien venir.

C'est qu'elle sait y faire la Stanwyck, quand elle parle on l'écoute. Si en plus elle vous montre de l'intérêt, comment faire pour se sortir des griffes de grande prêtresse manipulatrice? Walter n'a jamais pu car après tout c'est une aventure qu'on se doit de vivre quand on a l'opportunité de le faire. Et l'avantage indéniable du film, c'est qu'on sait déjà qu'il la fait! Il a tué le mari, il nous le dit lui même dès le début quand il récite ses aveux dans le dictaphone du 3e larron de ce triangle tout sauf amoureux. L'enquêteur des fraudes aux assurances Barton Keyes AKA Columbo avant l'heure.

Le pauvre Walter a dû se résoudre finalement, lui qui pensait avoir commis le meurtre parfait, il nous narre les détails du plan machiavélique, nous tient par la main étape par étape avec la conviction et l'assurance de celui qui se croit le plus malin de tous. Le tout en sachant qu'il a failli car il s'est fait berner. Mais échouer dans les bras de Stanwyck est ce vraiment un fiasco? La tête qui tourne, le souffle court, hors d'haleine il a profité du tour de manège infernal en ne comprenant que trop tard que l'issue ne lui serait jamais favorable.

Qu'importe, ça valait le coup et il en ressort un excellent film noir interprété à la perfection par Fred McMurray, Barbara Stanwyck et Edward G.Robinson. Columbo avait toujours une question de plus à poser, Keyes un ulcère (le gut feeling) à calmer.
Bunk_McNulty
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste La crème

Créée

le 6 mars 2014

Critique lue 277 fois

2 j'aime

Bunk_McNulty

Écrit par

Critique lue 277 fois

2

D'autres avis sur Assurance sur la mort

Assurance sur la mort
Sergent_Pepper
8

Witness for the repercussions

S’il fallait définir l’essence du film noir, Assurance sur la mort pose dès son prologue un exemple d’anthologie : une embardée in medias res, dans la panique et la fébrilité, un aveu d’échec qui...

le 9 juin 2017

51 j'aime

6

Assurance sur la mort
Kalian
8

We're both rotten.

Un film réalisé par Billy Wilder avec Raymond Chandler qui donne un coup de main au scénario, il faut dire que ça fait sacrément envie. Et pourtant, le départ laisse sceptique. La faute au choix...

le 20 nov. 2010

50 j'aime

17

Assurance sur la mort
Kobayashhi
9

"You said it wasn't an accident, You said it wasn't suicide, check. You said it was murder... check.

Je me rends compte que je n'ai que je n'ai jamais écrit encore sur l'un des réalisateurs qui a bousculé ma cinéphile il y a plusieurs années. Pourtant j'en ai eu des occasions, j'aurais pu écrire...

le 5 janv. 2016

42 j'aime

5

Du même critique

Jude
Bunk_McNulty
8

Mariés à tout prix

Film, inspiré d'un roman de Thomas Hardy écrit 100 ans plus tôt, qui pose un regard critique sur les fondements du mariage, de l'éducation, la prédominance de la religion, et la lutte des classes...

le 6 nov. 2013

7 j'aime

La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2
Bunk_McNulty
10

Naturalisme, lyrisme...magnifisme

Adèle est en moi, elle a laissé à jamais une trace dans ma vie puisque je viens de partager la sienne. Je l'ai vue jeune et devenir femme, j'ai partagé ses joies, ses peines, ses sourires, ses moues,...

le 9 mars 2014

6 j'aime

Le Retour
Bunk_McNulty
8

Home bittersweet home

Ashby dans toute sa splendeur qui traite un sujet qui lui sied tellement. Lui le défenseur des misfits de la société. Coming home a le mérite d'avoir une place à part dans toute la filmothèque vaste...

le 12 janv. 2014

6 j'aime

1