En 8 avant l’an 2000, toute la gaule est occupée par des longs-métrages animés d'Astérix. Toute ? Non. Quelquepart près de Lutèce, un type s’est écrié lors d’un brain storming :
- Hé, attendez, Astérix en dessin animé c’est bien gentil mais pourquoi pas plutôt prendre des acteurs en chair et en os ? Regardez Tintin dans les années 60 ou Lucky-Luke avec Terrence Hill, c'était top délire !
- Ouais, et puis bon, Roger Carel en Astérix c’est de la merde, faudrait quelqu’un de vraiment doué. Tiens, Christian Clavier, c’est super non ?
- Et puis tiens, dans la foulée faudrait adapter Michel Vaillant et Largo Winch, je vois pas comment ça pourrait être raté !
La suite vous la connaissez. Après quelques années pour en arriver à la case sortie, voilà le premier Astérix, sorti début 1999. Très médiocre pour les dialogues effets spéciaux et jeu d'acteur, intrigue bordélique qui mélangeait trop d'albums, et une bonne partie du casting était une monstrueuse erreur. 270 millions de francs de budget pour un succès commercial mais certainement pas critique.
Le 2e Astérix relevait la barre et l'espoir renaissait. Problème, le 3e Astérix est une horreur sans nom, malgré l’absence de Christian Clavier, comme quoi, il n’était pas le seul problème des films. Je refuse de perdre du temps à évoquer ce souvenir atroce et même à dire son titre. Nous devrions tous effacer de nos mémoires cette insulte à Goscinny, faite entre autres par son ami Uderzo qui aurait du surveiller le truc de plus près.
Donc, vous pensez bien que quand j’ai entendu parler d’un 4e épisode, je voudrais vous dire que j’ai eu très peur, mais en fait, je ne m’attendais à rien, je dirais même que je m’en désintéressais. D’autant plus triste qu’Astérix, sans être n°1 de la liste, fait partie de mes BD préférées. Le casting m’a à moitié rassuré, déjà, il n’y avait pas de stars du sport. Mais en voyant Charlotte LeBon l’ancienne Miss Météo pas drôle de Canal+, Fabrice Luchini en César, et Jean Rochefort dont le rôle le plus marquant depuis une quinzaine d’années est la pub Amaguiz, vous imaginez mes doutes.
J’ai fini par aller le voir. Le film reprend bien sûr l’album Astérix chez les bretons. Bon, il a déjà été adapté en dessin animé par la Gaumont à la fin des années 80, et une fois n’est pas coutume, il est mélangé avec un autre, Astérix et les Normands. On ouvre donc avec un générique qui m’a surpris par la modernité de sa musique, je me suis demandé si c’était bien le film ou une autre bande annonce. Le film débute et pour la première fois depuis… toujours dans une adaptation d’Astérix, c’est sans la voix de Pierre Tchierna, et d'emblée ça met dans de mauvaises dispositions.
Les acteurs et actrices offrent des performances très inégales. Edouard Baer et Gégé... pardon, Gégé et Edouard Baer (car Depardieu est devant Baer au générique final) font le job. Luchini en César perd en majesté ce qu’il gagne en humour. A ce titre il est plus proche du type ordinaire, donc du César d’Alain Chabat, que de celui Alain Delon ou Gottfried John qui le jouaient beaucoup plus pincé. Le seul souci c’est que j’ai eu du mal à voir César, je voyais Luchini jouer César, nuance.
Catherine Deneuve joue la reine d’Angleterre qui… mystérieusement, habite dans un petit village avec tout au plus 10 maisons miteuses. Ah oui, on veut aussi rajouter un peu de jeunesse dans ce monde de vieux, alors on affuble les deux compères de Goudurix, le neveu chiant d’Abraracourcix, qui va les accompagner en Angleterre. Néanmoins, contrairement à Brutus dans l’épisode-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, il ne leur vole pas la vedette.
Au rang des figurations inutiles : Jean Rochefort en sénateur. Dans les 40 secondes de présence. Au moins, on n’a pas le temps de trouver sa prestation spécialement mauvaise. Mais également Michel Duchossoy en Abraracourcix. 40 secondes là aussi et franchement, même grimé, il accuse son âge, plus encore que Michel Galabru dans le premier film.
Donc dans ce film on joue avec les clichés, dans l'ensemble, quelques scènes tirent leur épingle du jeu, mais aussi les anachronismes qui certes ont toujours eu leur place dans Astérix mais sont parfois trop poussés. On a du raccourci scénaristique, du gag de bas étage, des moments prévisibles, mais également quelques références sympatoches et, chose rare avec Astérix himself : De la drague. Oui madame.
Au final, que vaut-il ce nouvel opus ? Honnêtement, après la catastrophe du 3e, on avait touché le fond, faire pire semblait impensable, et celui-ci tire plutôt la licence vers le haut. Mais on est bien loin de tutoyer les sommets. Pas désagréable à regarder, assez drôle sans être hilarant, ça peut se voir une fois.