Il est clair que ces deux dernières années marquent un certain renouveau de la vision cinématographique de Clint Eastwood. Après avoir fait chanté le cygne avec Gran Torino et tenté de narrer la réconciliation des Noirs et Blancs d'Afrique du Sud, il s'attaque cette fois-ci à un sujet un peu plus métaphysique, celle de l'expérience que l'on peut avoir au contact avec les morts.

Et ce qui est intéressant avec Au-délà, c'est que le réalisateur américain ne s'amuse pas à évoquer le fantastique, à toucher le surréaliste, à côtoyer les dieux en proposant une vision métaphysique dangereuse du sujet. Non, ici, on a clairement à faire avec la réalité concrète, la vraie, la seule. Le but ici n'est pas de parler de la vie après la mort mais plutôt de la vie après l'expérience de la mort.

C'est le cas par le conte de trois personnages, tout d'abord celle d'un médium de San Francisco ( incarné par Matt Damon ) qui au contact des mains humaines perçoit les messages véhiculés des proches décédés, puis celle d'un frère qui va devoir vivre sans la présence de son jumeau terrassé par un accident de voiture et incapable de vivre sans cette figure tutélaire et enfin celle d'une femme qui emportée par les vagues rageuses d'un tsunami aperçoit les silhouettes de personnes qui ne semblent plus être vivantes.

Si l'histoire de cette journaliste ( Cecile de France ) est sûrement contestable car peu fidèle à ce qu'est la réalité de l'édition et du journalisme en France, ce qui décrédibilise totalement cet aspect du scénario, la vie de ce médium hanté par les avis des morts qu'il affronte tout les jours est nettement plus intéressante, ce dernier ne parvenant pas à vivre paisiblement avec le poids de ces âmes sur les épaules. Quant au jeune garçon, son errance dans la ville de Londres ne fait qu'évoquer le début d'une longue descente aux Enfers, la seule chose qui pourrait le consoler étant de pouvoir une dernière fois parler avec son frère.

Clairement, la conception que l'on peut avoir de l'au-délà n'est pas le sujet du film. C'est au contraire un film sur la vie, sur la nécessité d'accepter les événements et de continuer à progresser. Aucune vision n'est imposée ce qui donne une certaine tranquillité à ces deux heures. Certains pourront regretter le manque d'ambition d'une telle oeuvre sachant que le sujet est vecteur de débats mais on apprécie tout de même l'aventure en tant que telle, qui même si elle n'apporte pas grand chose en soi, relate de l'histoire de personnes traumatisées et donc par définition intéressantes.

Au-délà n'a donc pas pour prétention de révolutionner le genre, d'évoquer un sujet peut-être encore tabou pour la société car assimilé à la folie mais propose un conte agréable à parcourir par la vie d'au moins deux personnages qui parviennent à émouvoir. Certains reprocheront l'approche trop superficielle, certes, mais l'expérience se savoure et cela suffit amplement.
Sirocco
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le 21 janv. 2011

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Sirocco

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