Au nom du pape roi par Eric31

Au nom du pape roi (In nome del papa re) est un drame historique italien écrit et réalisé par Luigi Magni, qui met en scéne l’État pontifical romain en guerre contre les troupes de Garibaldi en 1867... et tout particulièrement a travers les yeux du Monsignor Colombo (magnifique Nino Manfredi), un juge du Sacré Conseil, qui doit venir en aide, a la demande de la comtesse Flaminia (jouée par Carmen Scarpitta), la mère naturelle de Cesare Costa (joué par Danilo Mattei), un des trois terroristes accusé d'avoir était l'instigateur d'un attentat dans lequel 23 zouaves ont trouvé la mort... Mais le Monsignor déjà en proie au doute face à sa responsabilité, sa foi en l'institution épiscopale se trouve alors ébranlée.... se trouve dans un cas de conscience : peut-il favoriser un accusé et laisser condamner les deux autres... Luigi Magni, assied ici son scénario sur un canevas historique précis : l’exécution des subversifs Giuseppe Monti et Gaetano Tognetti (joués par Luigi Basagaluppi et Rosalino Cellamare) les deux autres terroriste auteurs de l'attentat de la caserne Serristori et dernières victimes légale du pape roi, l'année de la grande peur Inquisitoire... Le cinéaste très méconnu en France, confronte les systèmes de valeurs, le pouvoir moribond et l'impulsion révolutionnaire... Analyse qui s’additionne par une belle prise de position militante de Don Colombo et sa crise psychologique qui lui fait prendre conscience d'une politique désormais indéfendable... Le message est clair, c'est une parabole de l'Italie de l'époque (Nous sommes en 1977), celle des brigades rouges, au destin tragique d'Aldo Moro (assassiné le 9 mai 1978 à Rome... aussi bien par les dits terroristes que par le pouvoir (Andreotti) en place)... Le scénario d'une complexité rare jongle avec une aisance de chaque moment sur le rire (les dialogues entre le Monsignor et son secrétaire Perpetuo (joué par l'excellent Carlo Bagno), les larmes, change de registre, passe de la satire croustillante des tartuffe a la tendresse, au drame (un mélange de genre que seul les Italiens savent faire)... et brosses des caricatures, invente des situations cocasses, des personnages de faire valoir, utilise à plein, sans vergogne, toutes les ressources de la comédie et du mélodrame... ou Nino Manfredi qui atteint une dimension grandiose ; son face à face avec Salvo Randone (excellent), qui joue (Le Pape noir) le général des Jésuites, dans un moment d’anthologie pour un film qui regorge de scènes fortes et très ironiques.