Il ne sera pas question de politique ici, juste d'expliquer pourquoi Autant en emporte le vent est considéré comme historiquement important et pourquoi je ne l'ai pas aimé. Il y a au départ le Best Seller de Margaret Mitchell, devant son succès à une nostalgie du Sud esclavagiste. Un succès populaire en livre devenant un immense succès populaire une fois adapté au cinéma. Un phénomène qui ne reproduira qu'au début des années 1970 lorsqu'un Best Seller surfant sur la fascination de l'opinion publique américaine pour la Mafia (Le Parrain) deviendra une date de la culture populaire une fois adapté au cinéma.


Si le film fait parler dans les bouquins d'histoire du cinéma, c'est d'abord parce qu'il est le plus emblématique de la signature des productions David O Selznick. Un Technicolor flamboyant, un lyrisme assumé, une longueur se voulant épique, un casting glamourissime (Gable, Leigh). Mais est-ce le meilleur représentant de son style ? Car si Max Steiner (qui coécrit le superbe score) est un des plus grands compositeurs hollywoodiens de l'ère classique, les réalisateurs crédités (Fleming) ou pas (Sam Wood, Cukor) ne sont en majorité pas parmi les plus grands de la période. Cukor excepté. Autre production O Selznick, le nettement plus réussi selon moi Duel au Soleil a des réalisateurs crédités (King Vidor) ou pas (Dieterle) d'une autre trempe tandis que Von Sternberg est crédité à la collaboration artistique. Outre les limites formelles pourraient être ajoutées celles de l'interprétation de Vivien Leigh.

Gable, excellent, résume quant à lui ce qui est justifié et ne l'est pas dans la réputation du film : le rôle de Rhett Butler est SON rôle, celui où son élégance naturelle s'exprime le mieux. Mais il a tourné dans des films plus intéréssants (au hasard: New York Miami). C'est aussi pour le travail de William Cameron Menzies sur le film que le terme de production designer a été inventé. Pour citer l'école de cinéma EICAR: À la fois artiste et technicien, le production designer participe à toutes les étapes d’un projet audiovisuel. Il œuvre à garantir la création d’un univers esthétique fictionnel, cohérent aux besoins techniques du projet, tout en respectant les contraintes budgétaires et de production. Le production designer veille à la pertinence de chaque élément disposé face à la caméra, et coordonne le bon fonctionnement des pôles sous sa direction : décors, accessoires, costumes, coiffure et maquillage.


Avec leurs durées ultralongues et leurs entractes, avec leur flamboyance chromatique, certains mélodrames bollywoodiens peuvent êtres vus comme des descendants du film. Dans les années 1970, l'univers du film sera subverti avec talent par Richard Fleischer et son Mandingo. Surtout, Cameron reprendra la structure narrative du film avec son Titanic, partageant avec son modèle lyrisme et succès phénoménal... mais cinématographiquement plusieurs divisions au-dessus. Une parfaite illustration de la maxime godardienne citée en titre de ma critique.

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le 29 janv. 2024

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JohnTChance

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