Après la Juno du film éponyme, Verona et Burt, héros d'Away We Go sont les seconds protagonistes du cinéma indé qui m'amènent à me demander la chose suivante : un personnage de fiction peut-il être trop cool ?
Et après Juno, j'ai là encore envie de répondre oui. Verona et Burt sont parfaits, perfection accentuée encore par les parents monstrueux et/ou cinglés qui ponctuent leur cheminement à travers les États-Unis à la recherche du modèle de foyer idéal. Ils sont mignons, ils sont gentils, ils sont malins, pas chiants, ils ont un sens de la répartie formidable (et en bonus leurs interprètes sont excellents). En conséquence de quoi, tous crédibles et attachants soient-ils, ils ne présentent pas l'intérêt que l'on s'attend à trouver aux héros ou anti-héros d'une histoire, et peinent parfois un peu à porter un film qui s'avère au final plus tenir de la succession de tableaux certes réussis mais dont le liant est un rien artificiel.
N'en demeure pas moins pour autant un couple d'autant plus sympathique à observer qu'on aimerait les avoir comme voisins. S'ils ne constituent pas un sujet de film idéal, Burt et Verona restent des personnes qu'il est réellement plaisant de suivre sur la route, et qui ont pour eux de ne pas devenir falots même mis cote à cote des protagonistes de chacun des segments, pour leur part très hauts en couleur.
Car c'est bien aux « seconds rôles » qu'on doit le vrai moteur d'Away we go puisque contenant l'essence des différents sketches. Portés par des acteurs absolument géniaux donnant de l'épaisseur à une écriture volontairement caricaturale (le segment de Maggie Gyllenhaal et la prestation de cette dernière valent le visionnage à eux seuls) ils sont garants de fous rires phénoménaux (Allison Janney, délicieusement atroce en mère moralement abusive) de réels moments de tendresse (Carmen Ejogo, parfaite en petite sœur de Verona) voire des deux à la fois (Mélanie Lynskey, à milieu de son rôle dans Two and a Half Men qui nous livre une des scènes de strip club des plus belles et singulières.
Mais reste qu'une fois les villes passées, le couple central finit le voyage sur une conclusion évidente, un peu facile et prouvant qu'ils auraient gagné à être annexes et non piliers d'un film sur la question du couple. Rien de dramatique, mais le sentiment d'être passé à coté de quelque chose de plus profond...