Cette suite direct à un premier volet déjà très impressionnant visuellement, non dénué de quelques défauts, mais d’une beauté plastique incontestable, et surtout tenu par une certaine idée de cinéma spectaculaire total, bourré d’idées d’un haut standing dont le réalisateur a corrigé quelques défauts récurrents du premier volet en lui donnant une connotation moins calibrée et plus sombre.

Alors bien sûr, certains lui reprocheront la légèreté de son propos, son élévation du culte du héros et ses effets numériques pas toujours à la hauteur. Le Baahubali en question, qui est un mixe entre Hercule, pour la force physique et l’Oberyn Martell de Game Of Throne, est interprété par Prabhas Raju Uppalapati, une montagne de muscles qui carbure à la testostérone mais possède une vraie présence. Sous la caméra du très habile réalisateur S.S. Rajamouli, les effets de style et autres artifices propres au cinéma de divertissement, prennent une dimension liant le baroque, quand les dialogues, très peu usités, s’effacent au profit d’une imagerie fantasmagorique d’une beauté saisissante et lui donne une dimension de fresque expressionniste. Un peu comme si les scènes dialoguées en mode punch line d’un Lord Of The Rings disparaissaient au profit d’un lyrisme enivrant qui vous scotche littéralement le regard et vous amène à l’essentiel : quelque chose qui serait de l’ordre de la métaphysique.

Car c’est d’une véritable expérience visuelle qu’il s’agit, chaque plan est incroyablement travaillé pour donner un sentiment de quintessence, c’est bourré d’idées plus folles les unes que les autres : des chars à buffles aux cornes enflammées, des charges à dos d’éléphants, des combats parfaitement chorégraphiés, les costumes encore et encore. Et les décors ne sont pas en reste : des palais grandioses stupéfiants de beauté, des milliers de figurants, et ça se voit à l’écran, et toujours cette étrange idée, malgré l’envie du réalisateur de nous en mettre plein la vue, tout en constatant les limites liées à des effets numériques parfois faiblards, d’élever la notion de spectacle à une espèce de peinture baroque.

J’ai personnellement absolument adhéré au propos, en ayant fait le travail de me laisser porter par l’incontestable volonté qu’à l’auteur d’user de la flamboyance et du lyrisme pour faire de cette fresque ubuesque une œuvre unique dans son genre, une espèce de fantasme de cinéma total intégrant sans complexe les notions de démesure et de spectacle décousu. Visuellement, c’est une expérience hallucinante. La dernière fois que j'avais personnellement été autant bluffé par un visuel, c'était dans le magistral Mad Max : Fury Road de Father Miller.

philippequevillart
8

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le 8 sept. 2022

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