J'ai fais le choix d'aller voir Babylon un an après sa sortie, histoire de prouver que la procrastination est un art chez moi. J'ai été un peu con cela dit, j'aurai peut-être préféré participer à l'augmentation de son score au box-office, catastrophique et pas mérité.


Je vais pas mentir non plus, de base le scénario m'intéressait pas des masses. Moi ce que je voulais voir c'était du Damien Chazelle et l'extravagance tant vantée autant par la promo que par la bande-annonce (que je crois avoir vu à l'époque).

Le problème principal, c'est que le réalisateur est parfaitement conscient de ces attentes là, ce qui a peut-être pu le perdre.


A l'heure où j'écris la critique, il existe déjà près de 700 membres qui l'ont déjà fait. Autant dire que la mienne n'a que peu d'intérêt. Les propos qui seront tenus seront brefs, consensuels mais personnels surtout. J'ai déjà écris critique plus originale, plus poussée. Mais bref, trêve de disgression.

J'ai aimé Babylon bien entendu. Quand tu aimes La La land, tu ne peux en théorie qu'aimer Babylon qui, je trouve, lui ressemble et s'y réfère sous de nombreux aspects. Pas envie de spoiler, mais j'avais vraiment l'impression parfois de revoir le destin un peu triste de Gosling et Stone dans leur monde de Jazz et de cinéma (tient tient tient).

Et à vrai dire, c'est un point positif. J'ai aimé cette folie, ces doux rêves bercés d'illusion, ces moments hors du temps. Les fêtes sont filmées comme jamais elles ne l'ont été, la dépravation atteint un niveau qu'Olivier Py aurait envié pour ses mises en scène d'opéra (Ouais j'ai vu Salomé à l'opéra du Rhin et depuis je suis traumatisé), et au milieu de tout ça, les héros sont attachants et ont quelque chose à raconter.


Le milieu du cinéma est évidemment très bien filmé, on frôle peut-être la perfection. The Fabelmans de Spielberg était très bien mais un peu bateau, là Chazelle décide de voir les choses en grand et nous offre une mise en scène inspirée. C'est souvent dans ces moments que l'humour y est le plus efficace d'ailleurs, humour que je ne m'attendais pas à voir autant. Babylon est drôle, peut-être parfois trop au regard des drames intenses qui parsèment ces 3H d'épopée.


Difficile aussi de parler du film sans rendre hommage à la musique de Babylon, tonitruante, parfois trop, mais oh combien riche et taillée sur mesure. Les rapports entre musique et cinéma ont toujours obsédé Chazelle si je ne m'abuse, et ce rapport trouve là sa meilleure expression depuis La La Land. Les comparaisons et parallèles entre ces deux arts se matérialisent à travers cette trompette de jazz omniprésente, à la fois dans la bande-son et dans le film lui-même.

Derrière cette maîtrise technique et ses qualités d'écriture, Babylon souffre néanmoins de plusieurs maux, ce qui explique ma difficulté à pouvoir le noter à sa juste valeur.

Tout d'abord, l'extravagance et la folie sont la bienvenue, mais l'outrance a peut-être dépassé quelques limites, à la fois en terme de nécessité (le fallait il vraiment?) et en terme de subtilité. J'aime bien me gaver de chocobons au chocolat blanc, pour autant je n'aimerai pas qu'on m'enfourne tout le paquet dans la bouche. (ça ferait vomir et il existerait alors un risque que Chazelle vienne immortaliser cet instant).

A ce propos, je me rends compte que l'outrance aurait déjà été plus pertinente si elle surgissait tardivement et moins fréquemment. La scène où Nellie régurgite ses petits fours aurait été plus surprenante et plus magistrale encore si elle avait été la seule pierre apportée à l'édifice du cracra présent dans Babylon.

Bien entendu, la représentation d'une certaine dépravation reste fascinante au cinéma, et Babylon le fait très bien, bien que ce soit essentiellement en arrière-plan (une bonne métaphore je trouve). Pour autant, aller aussi loin visuellement n'était pas indispensable.


Le deuxième problème de Babylon, c'est sa trop grande diversité de ton parfois mal géré. Les scènes les plus dramatiques tombent comme des couperets, mais sans la justesse qui leur confèrerait le pouvoir de choquer le spectateur. On subit parfois ces scènes, comme si le réal venait dans la salle nous dire "bon maintenant ça suffit, assez rigolé".

Et que dire de la partie la plus sombre du film, trop dissonante vis à vis du reste? Cet univers spécifique aurait gagné à être présenté par petites touches de temps en temps, au lieu de nous l'envoyer à la gueule.

Tobey McGuire est par ailleurs terrifiant. Un film d'horreur dérivé de cet univers aurait eu une certaine pertinence.

C'est bien dommage, car ces deux problèmes font de Babylon un film avec des défauts, ce qu'on aimerait bien ne pas avoir à imaginer. 3h de film au milieu de la débauche hollywoodienne, des plateaux de tournage magistralement incarnés, avec des acteurs investis, des enjeux et des messages clairs, auraient pu donner un chef d'œuvre, et ça aurait été mérité tant ce film est un ovni avec une identité forte et une vraie proposition de cinéma. Mais Damien Chazelle, à mon goût, en a peut-être fait un peu trop au risque de perdre le spectateur dans un film gargantuesque. Question de dosage uniquement donc.

Cela dit, ça ne justifie pas le plantage au box-office hein. Le cinéma a été inventé pour ce genre de film, aussi imparfait soit-il.






lordwraith

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