SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

En 1993 sort sur les écrans un petit film underground signé le sulfureux Abel Ferrara. Harvey Keitel y tient le premier rôle, le Bad Lieutenant et tournera deux semaines plus tard le culte Reservoir Dogs. Un petit flic ripoux rongé physiquement comme psychologiquement par ses excès. Les drogues, l’alcool, les paris sportifs, les obsessions sexuelles… Sa chaotique vie est rythmée par cette épuisante et perpétuelle recherche de stupéfiant. Lui le policier censé représenter la morale, la loi et l’ordre. La ou dans certains films immature la drogue serait représenté de façon récréative, Ferrara privilégie une contre-apologie au point d’en dégouter le spectateur. On pourrait être en empathie avec ce pauvre homme, le soin est pris de ne pas y compter. Keitel élargi une fois de plus sa palette de comédien. Contrôlé par ses addictions ce personnage est mauvais, sale, insensible. Le misérabilisme est mis de coté c’est une réalité dure à avaler.


Tourné en dix-huit jours, financé de seulement un millions de dollars et la plupart du temps filmé caméra à l’épaule ; Bad Lieutenant respire la liberté et l’audace, c’est cette production restreinte qui en est le fruit. D’une fougue si noire, il est fréquent d’entendre parler d’Abel Ferrara comme l’un des réalisateurs mal élevé de l’histoire du cinéma contemporain. Malheureusement apte à l’idée de trop, dans Bad Lieutenant par exemple les visions évangéliques sont de trop. Pompeuses, faites avec un manque de finesse, ces quelques scènes font du tort au reste du film. On pourrait reprocher un manque de maitrise et un résultat final pas si clair que ça. Faisons abstractions et considérons Bad Lieutenant comme à la hauteur des ses ambitions.


Martin, Le Frisson de la Pellicule

MartinOM
8
Écrit par

Créée

le 30 mars 2015

Critique lue 362 fois

Critique lue 362 fois

1

D'autres avis sur Bad Lieutenant

Bad Lieutenant

Bad Lieutenant

le 19 sept. 2014

Rédemption compromise.

Juste avant de répondre brièvement aux sirènes d'Hollywood avec sa version de "Body snatchers", Abel Ferrera livrait un de ses diamants les plus noirs, les plus bruts, plongée sombre et asphyxiante...

Bad Lieutenant

Bad Lieutenant

le 25 mars 2018

Le gros ripou

Quand ce film est sorti en 1993, son sujet était choc et l'univers glauquissime, j'avais trouvé cette descente aux enfers très pertinente et évidemment surprenante, surtout quand on s'imagine qu'il...

Bad Lieutenant

Bad Lieutenant

le 13 avr. 2017

La rédemption malsaine

Après le réussi The King of New York, Abel Ferrara récidive avec Bad Lieutenant où il nous entraîne dans un enfer urbain pour y suivre un flic se chargeant du rôle du diable qui va se voir la...

Du même critique

Bad Lieutenant

Bad Lieutenant

le 30 mars 2015

fougue noire

En 1993 sort sur les écrans un petit film underground signé le sulfureux Abel Ferrara. Harvey Keitel y tient le premier rôle, le Bad Lieutenant et tournera deux semaines plus tard le culte Reservoir...

Saint Laurent

Saint Laurent

le 9 mars 2015

le Saint-Laurent de la décadence

Beaucoup de mes amis me l'avaient dit cette deuxième version du mythe Yves Saint-Laurent est mauvaise, ennuyeuse. Ayant foi en son réalisateur que j’avais envie de découvrir, c’est tout de même...

Timbuktu

Timbuktu

le 12 mars 2015

l'excès de Césars de l'année 2015

Il faut l’avouer, au Frisson de la Pellicule nous avons peu foi en cette cérémonie des Césars. Une soirée que l’on voit comme sinistre et peu représentative du cinéma. De la nomination aux...