Quelques soldats d’infanterie sont envoyés en embuscade pour contrer une éventuelle avancée des Nord Coréens. L'ennemi est invisible et frappe quand il veut, comme le montre la scène d'ouverture où une jeep est attaquée. Le milieu est hostile. Située en plein hiver, l’action se fait dans des rochers recouverts de neige ou dans une grotte humide qui sert aux soldats d’abri. Le film joue très habilement sur le suspense de cette situation en posant une seule question : quand les ennemis coréens vont-ils attaquer ? Eux connaissent parfaitement le terrain alors que les Américains souffrent du froid et ont peur. Ce qui est intéressant est que l’ennemi rouge est indéterminé. Contrairement à J’ai vécu l’enfer de Corée, les adversaires ne sont pas des personnages mais un ensemble. Si les asiatiques peuvent s’exprimer dans J’ai vécu l’enfer de Corée, il n’en sera pas du coup le cas dans Baïonnette au canon. Les rares dialogues qu’ils ont ne sont pas sous-titrés et peu importe d’ailleurs, car leur stratégie est celle de l’épuisement des GIs. Il ne personnalise plus car c’est l’idéologie qui est l’ennemie.


A vrai dire, si ce n’est dans le carton introductif du film, jamais les mots « Corée » et « Coréens » ne sont employés. Le film se déroule en Asie. Les soldats américains utilisent toutes sortes de termes pour parler de leurs ennemis, y compris le mot « Chinois », notamment lorsque les soldats en face d’eux jouent de la corne pour décontenancer les GIs. Ce sont bien des idéogrammes composites qui sont lisibles dans une scène où une jeep est abattue et non du coréen. La bataille dans Baïonnette au canon est difficile et les chefs d’escadron se succèdent. Ils se donnent le titre de « ichi-ban », mot japonais signifiant « le premier ». C’est d’une certaine manière, un moyen d’exprimer la contamination du mal rouge tel que le craignait les Etats-Unis alors. Ce qui n’empêche nullement Samuel Fuller à la fois de mettre en scène un suspense éprouvant pour le spectateur (la scène nocturne où Gene Evans va sauver un camarade) et de dénoncer la guerre sans l’air d’y toucher. En fin de film, on peut apercevoir James Dean dans le rôle d'un soldat, il a même une phrase de dialogue.


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janodo
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le 8 nov. 2015

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Jean Dorel

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