Après "Taken" et "Non-Stop", je m'étais promis de ne plus me taper un film avec Liam Neeson en "action hero". Mais bon, les promesses, c'est comme les résolutions du jour de l'an, elles ne durent qu'un temps. Je n'irais pas jusqu'à dire, que j'ai bien fait, mais je m'attendais à un navet et j'ai eu un film sympathique, malgré ses divers défauts.
Matt Scuder (Liam Neeson) est un flic à la retraite et un ancien alcoolique, bref c'est un irlandais parmi tant d'autres. Il est devenu détective privé, mais sans la licence. Il est embauché par Kenny Kristo (Dan Stevens) pour retrouver ceux qui ont kidnappé et tué sa femme.
C'est un polar sombre, parfois plombé par des répliques ridicules ou des personnages en décalage, dans ce contexte. Liam Neeson est très bien, en privé sombre et sobre. Ce n'est pas un film d'action, il y en a peu et fort heureusement, car elles ne sont pas vraiment réussi.
Pourtant ça ne part pas très bien, Liam Neeson en 1991 avec des cheveux longs et un bouc, c'est plus drôle, qu'autre chose. Puis quand il descend les escaliers, on se demande s'il n'a pas un plug anal (oui, je colle à l'actualité), cela ne s'annonce pas très bien. 8 ans plus tard, on le retrouve sans artifices capillaires, d'un coup il passe mieux à l'écran. Sa première rencontre avec Dan Stevens est tendue et réussie. C'est dans ces moments-là, que le film fonctionne le mieux. Cette tension, la recherche des kidnappeurs, les révélations et la rencontre avec Olafur Darri Olafsson, sont autant d'éléments qui rendent le film sombre et oppressant.
Mais son association avec le jeune Brian Bradley, n'apporte pas grand chose au récit. Pire, elle casse l'atmosphère. Parfois, ce genre de personnage, permet de respirer un peu dans cette noirceur. Sauf que je n'avais pas envie de souffler. C'est pourtant sympa, ce jeune acteur est attachant, les répliques sont drôles, mais dans le contexte, ça ne convient pas. Comme la scène du "petit chaperon rouge" qui flirte avec la parodie, ou les conversations entre les mafieux et Liam Neeson. Un peu plus et on tombait dans la comédie, sans le vouloir, gênant.
Mais Liam Neeson porte le film, les seconds rôles sont excellents : Dan Stevens, Olafur Darri Olafsson et David Harbour. Le film navigue entre le glauque de "8mm", la noirceur de "Seven" et le machisme des "Harry", ou les femmes ne sont que des victimes et cadavres. C'est un film de "mâles", qui marche très bien, jusqu'à ce que l'on découvre qui sont les tueurs, cela correspond à la baisse de tension. Le film perdant de son intérêt, s'embourbant dans un final, un peu long et mal mis en scène.
C'est le second film de Scott Frank, il est surtout scénariste : Get Shorty, Hors d'atteinte ou Minority Report. De belles références, le film étant par ailleurs bien écrit, malgré des dialogues parfois proche de Get Shorty. Il ne maîtrise pas les scènes d'action en extérieur : celle qui ouvre le film et dans le cimetière. Mais il est à l'aise dans la direction d'acteurs et dans les espaces restreints.
Je ne savais pas que c'était l'adaptation d'un roman de Lawrence Block, le précédent "Huit millions de façons de mourir" 1986, ne m'a pas marqué. Après un tour sur Wikipédia, je me rends compte qu'il zappe l'ex-femme de Liam Neeson et ses enfants. Certes, il fait référence à elle, mais rapidement. Mais on nous explique bien, le pourquoi de sa retraite anticipée et c'est bien amené.
Si le film était resté dans la noirceur de sa première demi-heure, on tenait peut-être, un excellent polar sombre, qui colle à la peau. Au final, on a un film, avec ses bons et mauvais moments. Il passe bien, on ne s'ennuie pas, mais je reste sur ma faim.