Bien que Hong Kong ait longtemps été sous l’autorité de la couronne britannique, peu de films de l’industrie locale ont été tournés sur le sol de l’ancienne mère-patrie. Il semble même que ceux tournés aux Etats-Unis soient plus nombreux. Banana Cop fait néanmoins partie de ces films qui ont choisi le Royaume-Uni et Londres comme terrain de jeu. Et qui de mieux qu’un chinois d’origine né à Londres pour le réaliser. Leung Po Chih, à qui l’on doit entre autres les excellents Jumping Ash et He Lives by Night, met en scène une comédie policière avec le duo George Lam – Teddy Robin, réunis une nouvelle fois après leur collaboration dans les comédies déjantées All The Wrong Clues et All The Wrong Spies.

Banana Cop se révèle être d’un tout autre acabit. L’humour est loin d’être poussif comme il pouvait l’être dans les deux films mentionnés ci-dessus. La différence, c’est que l’humour est au service d’une histoire (et non l’inverse), et que chaque scène n’est pas prétexte à la bouffonnerie bien grasse, ce qui était le gros défaut des All The Wrong… de Tsui Hark.

On suit donc une enquête policière somme toute classique, mais qui tient toutes ses promesses tant sur le plan du suspens que sur celui de l’action. Enfin, quand je dis action, ne vous attendez pas non plus à voir les balles d’uzis pleuvoir et le sang gicler à foison. Mais néanmoins, on n’en est pas si loin que ça par moment avec des ces scènes qui sont rondement menées et réalisées avec conviction. On reconnaît d’ailleurs bien la patte de Leung Po Chih qui se différencie d’une réalisation lambda locale. L’influence occidentale est bien présente, tourné façon Giallo. On en veut pour preuve la scène d’introduction, avec son jeu de caméra déroutant, ses effets ombre et lumière avec les fumigènes teintés de multiples couleurs sur une musique angoissante. Ou encore la scène de la boîte de nuit londonienne avec son groupe punk rock se déchaînant sur scène pendant que la moitié de la boîte s’adonne à une bonne baston générale.

George Lam interprète un inspecteur de Scotland Yard britannique d’origine chinoise. Très certainement un clin d’œil aux origines de Leung Po Chih qui a mis un point d’honneur à mettre en avant ce personnage principal, aux origines chinoises, certes, mais complètement paumé une fois arrivé à Hong Kong sur les us et les coutumes locales (cf la scène de l’autel à la gloire de Guan Yu dans le commissariat où George Lam mange un fruit déposé au pied de la divinité) et plus à l’aise dans sa 2CV made in France à arpenter les rue de Londres…

Teddy Robin, lui, joue la petite frappe sortie de sa prison de Hong Kong par l’inspecteur britannique afin de remonter la piste du tueur du Chinatown londonien qui a froidement assassiné deux de ces amis. Le bougre n’est pas forcément emballé à l’idée de rejoindre la City, de peur de se retrouver confronté au dit tueur (ce qui bien évidemment arrivera), et essaye tant bien que mal de filer entre les pattes de George Lam. Mais ce voyage à Londres lui vaudra néanmoins de faire une rencontre inattendue et de tomber amoureux d’une prof de musique atteinte de cécité, interprétée par la mignonnette Cherie Chung.

Banana Cop est une petite aventure policière simple, mais efficace et rafraîchissante, qui change des standards de l’époque grâce à la réalisation éclectique de Leung Po Chih qui brasse les genres, chose qui va si bien à Hong Kong et son cinéma. On retiendra également à coup sûr la mélodie récurrente aux sonorités inhabituelles en musique de fond qui fait office de métronome tout au long du film.
Ah… Et le titre me direz-vous? Point de bananes à l’horizon, mais plutôt un petit surnom donné au détour d’une rue par une crapule à son tuteur du moment…
Supavince
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le 7 juil. 2013

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