Un chariot perdu dans le désert, une veuve et sa fille prises dans une tempête de sable, l’enfant sauvée par un brave homme. Des plans magnifiques, une photographie sublime. Ainsi s’ouvre Barbara, fille du désert, western de la fin du muet, qui met notamment en scène un Gary Cooper déjà connu, mais pas encore une star, plutôt cantonné aux seconds rôles (c’est aussi le cas ici). Un début fracassant, de très bon augure !


L’intrigue principale tourne autour de cette petite fille, devenue grande, qui aide son père adoptif à réaliser son rêve : transformer le désert en un paradis terrestre, grâce à l’irrigation du Colorado détourné. On ne peut que penser à la création de Las Vegas, que l’on retrouve aussi dans le Rango de Gore Verbinski. Mais le titre anglais, The winning of Barbara Worth parfois traduit en Conquête de Barbara Worth, représente mieux l’esprit du film, qui est (surtout vers la fin) un réel duel entre le jeune entrepreneur joué par Ronald Colman et le rancher, pur cow-boy à la sauce Hollywood, Gary Cooper. Le scénario mêle assez bien ces deux intrigues, et le trio amoureux n’étouffe pas non plus l’histoire d’irrigation. Jusqu’à la toute fin, on ne sait pas qui des deux prétendants, va ‘remporter’ la jeune femme. Les deux ont leurs chances, on soutient son champion (j’ai été déçu). Cela donne pas mal de piment et d’inattendu au scénario, mais à la fin ça devient vraiment trop. Comme une balle de ping-pong, Barbara semble passer de l’un à l’autre sans fin, jusqu’à devenir ridicule.


Autrement, le vrai atout du film est sa photographie : ses jeux d’ombre et de lumière, entourant Barbara d’un halo lumineux, tel un ange qui aurait perdu ses ailes, sa capture du sable, magnifique, et son jeu sur les couleurs, or pour le désert et bleue pour la nuit. Le montage est vif, la mise en scène en symbiose avec la photo. Le film aborde aussi le thème du progrès, de deux façons : d’un côté l’idéal, le rêve d’un homme simple, qui veut juste rendre la terre meilleure, et de l’autre l’ambition sans bornes d’un investisseur cupide. Pourtant, alors que, fidèle à son rôle de ‘bad guy’, il s’enfuit sans un regard pour les citoyens qu’il condamne, il est sauvé par un des personnages. De même, son protégé, le fiancé de Barbara, qui au début prêche l’avancée technologique et New York, passe du ‘bon côté de la force’. Tout est bien qui finit (un peu trop) bien. Ouf ! la morale américaine est sauve.


Un bon film, donc, malgré une fin maladroite qui traîne un peu en longueur, compensée néanmoins par le travail sur la mise en scène et la photographie, brillant.

Créée

le 27 août 2015

Critique lue 401 fois

1 j'aime

Fiddlebolt

Écrit par

Critique lue 401 fois

1

D'autres avis sur Barbara, fille du désert

Barbara, fille du désert
Fiddlebolt
7

New York vs Hollywood à Las Vegas 2.0

Un chariot perdu dans le désert, une veuve et sa fille prises dans une tempête de sable, l’enfant sauvée par un brave homme. Des plans magnifiques, une photographie sublime. Ainsi s’ouvre Barbara,...

le 27 août 2015

1 j'aime

Barbara, fille du désert
MetalPIg
5

Premier grand rôle de Gary Cooper

Ce western reste pour moi assez anecdotique. On doit toutefois lui reconnaître d'avoir un scénario plus original, un ingénieur vient construire un barrage qui va permettre d'irriguer une vallée...

le 25 août 2023

Du même critique

Le Ranch Diavolo
Fiddlebolt
6

Critique de Le Ranch Diavolo par Fiddlebolt

Le ranch Davolo est l’un des premiers westerns de ''Jack'' Ford, et montre encore une très forte influence de David W. Griffith (il a travaillé et apparaît dans The Battle at Elderbush Gulsh) : le...

le 19 août 2015

7 j'aime

La Poursuite infernale
Fiddlebolt
8

I sure do like this name, Clementine

7 ans après La chevauchée fantastique, John Ford revient au western, genre qu’il a contribué à renouveler et dont il deviendra le réalisateur le plus important. On retrouve dans de film, non pas John...

le 30 août 2015

6 j'aime

2

Le Parc
Fiddlebolt
7

La belle dans le parc dormant

Étrange objet que Le Parc, qui aborde pourtant un sujet universel : l’adolescence et ses premiers amours. Le film de Damien Manivel, présenté à l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa...

le 29 oct. 2016

5 j'aime

2