Il me dit des mots d'amour. Des mots de tous les jours. Le film s’amuse de douces absurdités. Il dispose d’un beau capital sympathie qu’il tire de cette loufoquerie granguignolesque. Sans être hilarant, c’est vraiment drôle. Et au delà de la dimension absurde et satirique, le film tient un discours féministe plutôt frontal et salutaire qui pourra peut-être amener certains à mal le prendre et se sentir visées, soit, c'est assumé et c'est surement mieux comme ça. Le souci principal, c'est cette opération, une opération périlleuse, celle de bouleverser les codes avec une figure qui était auparavant perçue comme une figure d’émancipation, sauf que maintenant c'est un peu l'exact opposé. L'approche générale est délicatement absurde on va dire et c'est dommage, je pense que la réal aurait dû aller plus loin dans l'absurde et confronter absurde avec absurde dans un récit peut-être moins ancré. Sans passer pour un spectateur naïf, cette autocritique n'est pas bien méchante, le film reste très largement un outil promotionnel. L’enjeu c’est d’un côté de parler de patriarcat et des ses travers et dieu sait qu'il y en a et de l’autre c’est de ne pas oublier que le film est avant tout là pour vendre des Barbie comme une icône repentie du féminisme. Le film tente quand même de dire que les femmes ne sont pas les seules victimes des injonctions du patriarcat, les Kens qui se sentent subalternes. Mais il ne prétend pas apporter de solution définitive en ce qui le concerne, découlant de celui-ci, les injonctions de beauté et de comportement réclamées aux deux genres.
Je comprends qu'on puisse ressentir une sorte de camouflage d'une petite critique assumée sans l'être de notre société et des ses problèmes actuels. Le film joue en effet sur une corde un peu fine, joue avec son auto-caricature, malgré l'écriture reste assez maline et mesurée.
Finalement peut-être que Mattel a visé trop haut et Barbie n'est peut-être pas le film aussi intelligent qu'ils l'auraient souhaité. Malgré tout, je soutiens la proposition, la proposition d'une réal, qui essaye de faire un film politique qui puisse faire bouger les choses, mais au vu des circonstances, est-ce qu'elle a vraiment pu faire ce qu'elle voulait de long en large ? Pas sûr. Du coup je recommande. Mais ça laissera une partie du public plus de marbre que dans un état de fascination, c'est dommage de ne s'être peut-être pas ouvert plus que ça à un public plus large.