Il me dit des mots d'amour. Des mots de tous les jours. Le film s’amuse de douces absurdités. Il dispose d’un beau capital sympathie qu’il tire de cette loufoquerie granguignolesque. Sans être hilarant, c’est vraiment drôle. Et au delà de la dimension absurde et satirique, le film tient un discours féministe plutôt frontal et salutaire qui pourra peut-être amener certains à mal le prendre et se sentir visées, soit, c'est assumé et c'est surement mieux comme ça. Le souci principal, c'est cette opération, une opération périlleuse, celle de bouleverser les codes avec une figure qui était auparavant perçue comme une figure d’émancipation, sauf que maintenant c'est un peu l'exact opposé. L'approche générale est délicatement absurde on va dire et c'est dommage, je pense que la réal aurait dû aller plus loin dans l'absurde et confronter absurde avec absurde dans un récit peut-être moins ancré. Sans passer pour un spectateur naïf, cette autocritique n'est pas bien méchante, le film reste très largement un outil promotionnel. L’enjeu c’est d’un côté de parler de patriarcat et des ses travers et dieu sait qu'il y en a et de l’autre c’est de ne pas oublier que le film est avant tout là pour vendre des Barbie comme une icône repentie du féminisme. Le film tente quand même de dire que les femmes ne sont pas les seules victimes des injonctions du patriarcat, les Kens qui se sentent subalternes. Mais il ne prétend pas apporter de solution définitive en ce qui le concerne, découlant de celui-ci, les injonctions de beauté et de comportement réclamées aux deux genres.


Je comprends qu'on puisse ressentir une sorte de camouflage d'une petite critique assumée sans l'être de notre société et des ses problèmes actuels. Le film joue en effet sur une corde un peu fine, joue avec son auto-caricature, malgré l'écriture reste assez maline et mesurée.

Finalement peut-être que Mattel a visé trop haut et Barbie n'est peut-être pas le film aussi intelligent qu'ils l'auraient souhaité. Malgré tout, je soutiens la proposition, la proposition d'une réal, qui essaye de faire un film politique qui puisse faire bouger les choses, mais au vu des circonstances, est-ce qu'elle a vraiment pu faire ce qu'elle voulait de long en large ? Pas sûr. Du coup je recommande. Mais ça laissera une partie du public plus de marbre que dans un état de fascination, c'est dommage de ne s'être peut-être pas ouvert plus que ça à un public plus large.


_FUSE_
7
Écrit par

Créée

le 19 juin 2025

Critique lue 7 fois

_FUSE_

Écrit par

Critique lue 7 fois

D'autres avis sur Barbie

Barbie
Sergent_Pepper
7

Doll you need is love

Il n’y a probablement que les Américains, et leur sens inné des affaires, pour parvenir à ce point à nous vendre un double emballage : Barbie, qui inonde de sa promo la planète entière à l’aide du...

le 21 juil. 2023

210 j'aime

11

Barbie
blobyla1
5

Barbie, un sujet d'actualité

Derrière ce désir instable, complexe, voire inatteignable, se cache une marque, un monde : Barbieland et son miroir de l'absurde. Avec la jolie et expressive Margot Robbie dans le rôle de Barbie, et...

le 9 sept. 2023

141 j'aime

2

Barbie
Stereho
6

Une vie en rose et des messages en plastiques

J'en attendais beaucoup de ce Barbie, tant sur le fond que la forme. Pour ce qui est de la partie visuelle et sonore, c'est très convaincant et fidèle à ce qu'on peut imaginer de cet univers. Le...

le 18 juil. 2023

133 j'aime

Du même critique

Gran Turismo
_FUSE_
6

Vroum, Zblééee, Hiiiiiii, Kaboum

Gran Turismo, œuvre cinématographique qui s'inspire de l'univers vrombissant des sports automobiles, s'avère être un périple visuel aussi fulgurant qu'une accélération soudaine sur une ligne droite...

le 19 juin 2025

Barbie
_FUSE_
7

Et je vois la vie en rose ?

Il me dit des mots d'amour. Des mots de tous les jours. Le film s’amuse de douces absurdités. Il dispose d’un beau capital sympathie qu’il tire de cette loufoquerie granguignolesque. Sans être...

le 19 juin 2025

La dolce vita
_FUSE_
9

L'audace précède l'homme et l'homme précède l'audace.

Nous suivons Marcello pris dans le tourbillon d'une vie d'oisiveté dans les années 60. Dans cette dialectique de l'audace, il erre dans une quête de sens et de liberté dans le faux confort offert par...

le 19 juin 2025