Basquiat - Un adolescent à New York par blajc

Vingt-cinq ans après son dernier long métrage Sara Driver, la femme, muse et productrice de Jim Jarmusch, fait son retour derrière la caméra pour un documentaire sur l’émergence en tant qu’artiste de son ami Jean-Michel Basquiat. Basquiat, un adolescent à New York est une vitrine sur une époque et sur une ville, New York, où la faillite politique et économique a permis l’émergence d’un renouveau culturel.


A l’aide de témoignages de proches et d’images d’archives, la réalisatrice livre un portrait intimiste de l’artiste et sa ville, dont il était l’un des emblèmes. Basquiat, un adolescent à New York, c’est une introspection dans la vie du peintre, à ses débuts entre 1978 et 1981, qui présente ce qui l’a nourri et tente d’expliquer ce personnage énigmatique. Sara Driver et Alexis Adler, l’ex-petite amie et colocataire de Basquiat, ont retrouvé des centaines de photos, dessins ou œuvres de l’artiste qu’elles avaient longtemps oublié. En réunissant tous les proches qui l’ont connu et côtoyé, la réalisatrice a voulu rendre un ultime hommage à son ami, disparu tragiquement à l’âge de vingt-sept ans.


En 1978, Basquiat n’a que dix-huit ans mais arpente déjà les rues de New York en laissant sa trace sur les murs de la ville, des courts poèmes ou pensées signés SAMO. Il se démarque immédiatement par sa philosophie et son recul sur la société. Basquiat n’était pas un graffeur, c’était un poète urbain, qui prenait son quotidien pour inspiration et sa ville pour un cahier. Evénements politiques, mouvements hip-hop et punk rock, violences raciales, évolution de la scène artistique, tout ce qui rythmait la vie new-yorkaise l’a nourri. On découvre un Basquiat intime, solitaire et dans son monde, sans cesse entouré mais finalement toujours seul, à ne pas pouvoir s’empêcher d’écrire, de dessiner, de gribouiller quel que soit le support. Sa précocité et sa productivité s’expliquent par ce besoin incessant de créer, qu’il utilise comme seul moyen d’expression.


De 1978 à 1981, dans ce New York à l’abandon et entouré de personnes qui le stimulent, Basquiat va y puiser toute son inspiration pour s’affranchir d’un milieu artistique très codé. Il va passer d’artiste prometteur à véritable icône et représentant d’un milieu, d’une culture et d’une philosophie. Poète urbain devenu prophète, Basquiat s’est imposé par son génie mélangeant peinture, poésie et graffiti. Il a participé à crédibiliser et démocratiser l’art de la rue, à une époque où le hip-hop n’en était qu’à ses prémisses. Il va incarner le renouveau culturel fulgurant de New York et lui donner une nouvelle attractivité.


De Basquiat, un adolescent à New York, en ressort une grande sincérité. Sara Driver a la volonté et la légitimité de rendre hommage à un artiste, mais avant tout à un ami, en racontant Basquiat par ceux qui l’ont connu et qui ont grandi avec. Le documentaire permet de recontextualiser une époque noire de New York, souvent oubliée mais fondatrice de la mégalopole culturelle qu’elle est devenue. Une ville qui était pauvre et violente, mais qui se réfugiait derrière des valeurs multiculturelles nécessaire au fameux rêve américain.

blajc
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le 20 déc. 2018

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