Bâtiment 5
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Bâtiment 5

Film de Ladj Ly (2023)

Pendant 1h30 il faut bien admettre que Bâtiment 5 tient plutôt bien la route. On retrouve le style hyperréaliste et toute l'intensité nerveuse qui avaient fait le succès (mérité) des Misérables, le précédent film de Ladj Ly. On retrouve aussi cette façon de coller au plus prés des personnages tout en montrant les événements alternativement du point de vue de l'un, puis de l'autre. Une manière, un peu tape à l’œil diront certains, de traiter d'enjeux sociétaux essentiels, mais qui fait encore une fois la preuve de son efficacité. En tout cas on ne s'ennuie pas une seconde.

Mais surtout Bâtiment 5 apparaît comme une version plus abordable -ou plus démagogique si on veut être méchant- des Promesses de Thomas Kruithof film passionnant sorti début 2022. Tous deux abordent la même thématique de la banlieue sous l'angle de la politique locale et du (mal) logement, mais là ou le film de Kruithof était raisonnablement technique et juridique au risque de perdre le spectateur, Ladj Ly lui se focalise surtout sur l'aspect humain des choses, à savoir l'émotion et le sentiment d'injustice. Mais pourquoi pas après tout ?

On suit donc le film avec un certain intérêt en se demandant comment tout cela va finir, puis vient la fameuse scène finale chez le maire. Le souci ce n'est pas tellement la scène elle même qui est trés bien réalisée et franchement assez terrifiante, mais le fait qu'elle arrive justement à la toute fin du film. Elle aurait certainement été plus intéressante au milieu, voir même au début en nous permettant d'étudier les réactions et les changements qu'un tel événement pouvait créer chez les différents protagonistes de l'histoire.

Au lieu de ça en s'en servant quasiment comme clap de fin, Ladj Ly lui fait jouer le rôle d' une sorte de "bouquet final", de cerise sur le gâteau, voir d'un baroud d'honneur. Et malheureusement on se souvient qu'il avait commis exactement la même erreur à la fin des Misérables. Cela renforce certes l'impression d'un "film choc" mais ça tend à jeter un certain discrédit sur tout ce qui précède la dite scène, qui ne devient qu'une sorte de préalable, de montée en puissance ne servant qu'à la préparer. Ça serait un peu dommage le spectateur ne retienne que la fin et pas tout le reste, mais c'est malheureusement ce qui risque d'arriver.

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Ismael24
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le 7 déc. 2023

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