Les films et séries dans lesquels apparait le célèbre homme chauve-souris de Gotham City ne manquent pas. Sans même revenir sur le délire des années 60 avec Adam West, la fin des années 80 puis les décennies suivantes ont vu se succéder une tripotée d'adaptations menées notamment par Tim Burton (Batman, Batman II le Défi), Christopher Nolan (Batman Begins, The Dark Knight), ou encore – pour l'animation – Bruce Timm (Batman : Mask of the Phantasm, Batman TAS). Si le meilleur détective du monde a entrainé avec lui nombre des protagonistes récurrents de ses aventures nocturnes, il existe une personnalité majeure de son univers jusque-là copieusement laissée de côté : Jason Todd. Ce direct-to-video est l'occasion de lui rendre enfin justice.

Jason Todd. Un nom qui ne dira sans doute pas grand chose à tous ceux qui n'ont jamais lu un comics de Batman. Et encore... Pourtant, il s'agit quand même du second Robin, direct successeur de Dick Grayson. Excusez du peu !
Seulement voilà : LE Robin historique reste et restera toujours Dick Grayson. Même les fanatiques de l'œuvre de Frank Miller The Dark Knight Returns n'oseraient prétendre que le titre échoit à quelqu'un d'autre, pas même à la sympathique Carrie Kelly.
Conséquence logique, quand Batman se rappela au bon souvenir du grand public, il était accompagné de Dick Grayson. Puis, quand les créateurs des différentes séries télévisées où il apparaissait ont voulu faire évoluer un peu son univers, ils choisirent comme nouveau Robin celui qui tenait alors ce rôle dans le comics : Tim Drake. Exit Jason Todd. Un véritable scandale.

Le regain conséquent d'intérêt pour les super-héros – notamment Batman – ces dernières années, a incité Warner Bros et DC Comics à produire plusieurs nouveaux dessins-animés, prévus directement pour le marché de la vidéo et bien souvent supervisés par le talentueux Bruce Timm : The New Frontier, Public Enemies, Crisis on Two Earths,... Et finalement Under the Red Hood, film dédié en grande partie à Jason Todd – mais pas que – et tiré des arcs « A Death in the Family » et « Under the Hood » du comics.

Dès les premiers instants de ce long-métrage d'animation, le ton est donné : l'intrigue nous montre un « nouveau » personnage (puisque tout est fait pour que le spectateur comprenne qu'il ne s'agit pas du Robin habituel), le Joker s'en débarrasse, puis quelques années plus tard, Gotham City devient la proie d'un mystérieux criminel, lequel reprend un nom utilisé jadis par le Joker, à savoir Red Hood. Évidemment, l'individu en question fait montre de talents hors du commun, lors de très impressionnantes scènes de poursuite. Ne cherchez donc pas la moindre révélation sur l'identité secrète de Red Hood : même un téléspectateur régulier de Secret Story doit pouvoir comprendre d'entrée les tenants et aboutissants, et il n'y a vraiment que Batman pour ne pas saisir de suite de quoi il retourne. Mais il est vrai que lui n'a pas eu le loisir d'assister au flashback.

L'intérêt de Under the Red Hood se trouve ailleurs. Bon, peut-être pas dans son lifting graphique, même si ce Joker légèrement influencé par la performance de Heath Ledger trouvera ses adeptes (même s'il est dommage que Mark Hammil ne lui prête pas sa voix dans cet opus). En fait, la partie technique souffre de quelques lacunes énervantes, en particulier une incrustation des CGI souvent laborieuses ; heureusement que les scènes d'action possèdent une animation soignée, en tout cas plus que dans une simple production pour la télévision.
Pendant une grande partie du film, l'action tient la dragée haute, et avec elle l'opposition entre les deux combattants d'exception que sont Batman et son ancien coéquipier, le tout sous le regard dément du Joker. Mais cette opposition physique s'accompagne aussi d'une opposition morale, et c'est probablement là que se situe le cœur du scénario.
D'un côté, Batman a toujours refusé de tuer ses adversaires, aussi malfaisant soient-ils ; ce qui, à la longue, pousse le Joker à tout faire pour qu'il se débarrasse de lui et pervertisse ainsi ses beaux principes.
De l'autre côté, Jason Todd apparait comme un personnage plus sombre (plus réaliste ?) pour qui le meurtre se justifie s'il permet de sauver d'autres vies.
Deux visions incompatibles qui permettent au spectateur de revenir sur les fondements même de l'identité de Batman, lors d'une joute dramatique.

Sans être parfait – en tout cas bien moins que l'incroyable Mask of the Phantasm, dont il n'existe toujours pas de DVD en Z2 – Under the Red Hood appartient à ces dessins-animés réussis consacrés au Chevalier Noir, grâce à son action omniprésente, ses quelques touches d'humour bien senties, et sa plongée dans la psychologie du célèbre héros. Un indispensable pour tous ceux qui apprécie le personnage, ou à défaut les séries dans lesquelles il apparait. Bruce Timm oblige.

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le 4 mars 2012

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Ninesisters

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