Décidément, j'ai du mal avec nos deux tourtereaux.

S'il y a clairement du mieux par rapport au premier opus, on reste, en tout cas à mes yeux, loin du compte.


Disons-le d'entrée, un des gros points positifs est la fin de ce romantisme à outrance qui caractérise Before Sunrise où les deux protagonistes s'avalent des dizaines de kilomètres à pieds en une nuit, tout ça pour se rendre aux lieux les plus romantiques du coin (je suis allé à Vienne, leur circuit est bien trop long). Cette fois, Linklater est plus réaliste et seule la balade en bateau-mouche pourrait entrer dans la catégorie 'too much'.

Au fond, je pense que je n'accroche tout simplement pas avec les personnages. Lui, auteur de romans dissertant de l'amour, elle, activiste flânant dans les librairies parisiennes dont l'appartement se situe au fond d'une impasse piétonne et arborisée dans laquelle les voisins se retrouvent pour dîner ensemble en extérieur. Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai du mal à adhérer, d'autant plus que leurs conversations sont bien trop profondes pour être naturelles.
Vous voyez-vous vous lancer dans de telles conversations philosophiques sur ce qu'est "aimer" et tout le bazar alors que vous ne vous êtes pas vus depuis 9 ans ?


Au final, je pense que Jesse et Céline se sont davantage trouvés intellectuellement parlant que sentimentalement.

Pour continuer sur la même lancée, je dirais que c'est aussi le caractère hyper-analytique de ces personnages qui me dérange. Cela relève de mon avis personnel bien sûr, mais je désapprouve l'attitude de ces gens qui ont le besoin permanent d'évaluer leur degré de bonheur pour savoir s'ils sont heureux, que ce soit dans leur relation ou dans leur vie en général. Ils agissent comme si c'était une donnée quantifiable et qu'il existait un palier à partir duquel on serait officiellement heureux. A mon sens, faire cette analyse est déjà un signe de malheur. S'ils étaient heureux, ils n'auraient pas besoin de peser le pour et le contre pour le savoir. A trop se poser de questions, Jesse et Céline se gâchent leur propre vie.

Ainsi, ils ont idéalisé leur rencontre à Vienne et ont passé neuf années à analyser leurs relations respectives, arrivant à la conclusion qu'ils ne seraient heureux qu'ensemble.
Las, mon cynisme me pousse à dire qu'ils vont avoir de grandes déconvenues. Si je n'avais pas connaissance de l'existence d'un troisième film, je dirais qu'ils foncent droit dans le mur puisque leur manie de se questionner va les amener à constater l'imperfection de leur couple. C'est leur tort, puisqu'ils recherchent désespérément la personne parfaite, alors que tout l'intérêt du couple est de découvrir l'autre perpétuellement. On sait très bien qu'on s'emmerde quand on sort avec son alter-ego.

Au-delà de ça, le film a du mieux, donc. La réalisation est plus fluide et on a même l'impression qu'elle n'aurait pu être qu'un immense plan-séquence. Le personnage de Céline va comme un gant à Julie Delpy, tandis que Ethan Hawke fait le boulot correctement.

Si l'histoire est en désaccord avec mon mode de pensée, Before Sunset a au moins le mérite de me faire réagir et de m'accrocher tout au long du film. Une fois encore, je ne suis pas rancunier et je me pencherai sur le troisième volet, en espérant y voir encore une amélioration.

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le 22 déc. 2023

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Jake Elwood

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