La perte de l'humanité

Benny, un jeune garçon élevé par des parents secs et vides, fuit la réalité intelligible en produisant et en consommant de nombreuses vidéos. Perdu dans un milieu lisse et aseptisé, il ne parvient plus à combler ses désirs de prés pubertaires en phase de construction. Il se met alors à commettre de divers actes plus ou moins immoraux afin de briser cette dynamique morne et sans fin. En effet, Benny n'agit pas en réponse à une perception. Les actions du garçon ne correspondent plus aux choses qu'il vit. Il est désormais imperméable à tout événement. Il ne parvient plus, ou plutôt n'a plus l'envie d'adapter ses actions a ce qu'il vit. Dénué d'émotions, il en vient à commettre le pire machinalement par pure volonté de vivre et continue à vivre sans qu'il n'en soit affecté. Il a perdu les deux éléments qui, dosé d'une bonne manière, permettent de vivre convenablement en société.
La passion et la raison. Benny ne possède plus de raison, il agit par pure envie d'agir sans réfléchir aux conséquences ou à la convenabilité de l'action en fonction des circonstances. Les pires actes et les actes les plus banaux on a présent la même valeur et sont traités de la même façon. Benny ne possède plus de passion, il maltraite ses parents, ses camarades ne se soucie pas de leurs ressenti personnel, il n'a même plus de ressenti lui-même, tout coule sur lui telles des gouttes d'eau sur le plumage d'un canard. Tel un bloc de marbre, plus rien ne l'affecte. Il ne parvient plus à fuir par le biais de la vidéo.
La vidéo immortalise les moments glaçants.
Elle sert la mise en scène, Haneke s'en sert pour harceler le spectateur, il imprime la lourdeur à répétition dans son esprit. Une fois que Benny a filmé, le film en question sera rediffusé à mainte reprise pour nuire au visionnage. Le visionnage de ce film n'est pas agréable, c'est long, éprouvant, morne, épais et visqueux tout en étant fade et aride. Haneke ne prend pas le spectateur par la main, il le malmène, il le sollicite, il a le devoir d’être actif pour percevoir les nuances, comprendre le protagoniste et apprécier l’œuvre à sa juste valeur. Pour vivre le film entièrement il faudra faire le premier pas, tu n'y seras pas aidé. L’œuvre n'est pas accessible de par la longueur des plans, le thème abordé ainsi que le rythme. Acceptons la laideur, plongeons-nous dedans, plongeons-nous dans le quotidien de ce jeune homme ayant perdu son humanité. Ressentons les conséquences du milieu dans lequel il vit sur la nature de son âme. L'absence de vie, de réelle matière vivante inévitable a flétri l’âme du jeune homme. L’être humain infuse dans l'environnement dans lequel il vit, les conséquences peuvent en être dévastatrices.