Jonathan Glazer ne déçoit pas avec Birth ; le scénario, par contre... car les 10 dernières minutes viennent presque gâcher un film qui méritait qu'on lui tresse des lauriers au bout de 90 minutes, avant de réévaluer à la baisse tout enthousiasme excessif. Il aura donc fallu que Jean-Claude Carrière "twiste". Oh, on le voyait venir de loin, ce twist à 6 sous. Quand on connaît la mécanique de l'écriture de scénario, on sent même l'accident arriver au ralenti. Il n'empêche. C'est un sentiment de gâchis qui s'empare du spectateur lors du générique de fin. La sensation d'être passé à un cheveu de la perfection. Heureusement cette impression est "rattrapée" par une troupe de comédiens assez extraordinaires et comme souvent avec le réalisateur, parfaitement dirigés. Joie infinie de retrouver :
- Lauren Baccall, éternel phare dans la nuit
- Anne Heche presque flippante et laide, tout en étant d'une beauté délicate (Jonathan Glazer est décidément très fort pour engendrer ce type d'émotions contradictoires chez le spectateur)
- et évidemment Nicole Kidman, comme toujours excellente.
Mais donc, déception malgré tout. Déception que le fantastique soit abandonné au profit d'un twist malvenu et d'une explication rationnelle facile, comme si l'auteur du scénario n'osait pas "aller au bout", comme s'il n'osait pas se frotter au fantastique, à la transgression, au malsain, à l'interdit, comme s'il se retenait, comme si le fantastique était sale. Ce n'est peut-être qu'une impression mais le sentiment est là. Mêlé à une certaine rancune, donc aussi. C'est en tout cas ce que l'ont peut retenir de cet excellent film de 90 minutes qui en dure malheureusement 10 de plus. Énième paradoxe d'un moment de cinéma autrement brillant.