BIS REPETITA NON PLACENT
Un de mes professeurs du secondaire justifiait les notes désastreuses qu'il attribuait à des travaux écrits qu'il nous rendait par ce commentaire : « Et encore, c'est pour rétribuer le papier et l'encre ». Je n'irai pas jusque là pour expliquer ma propre notation du film d'Emilie Noblet, mais ce vieux souvenir scolaire a brièvement effleuré mon esprit.
Il fut un temps où j'étais plus bégueule qu'aujourd'hui dans mes choix et l'intérêt que je pouvais trouver à un film. Aujourd'hui, je me laisse volontiers embarquer dans une bluette ou un petit film qui ne casse pas trois pattes à un canard. Cela ne signifie en aucune manière que je baisse la garde et mon niveau d'exigence, mais peut-être que je fais simplement preuve de davantage d'indulgence. Je distingue parfaitement les vessies des lanternes et je sais à l'occasion me contenter de la première, mais qu'un réalisateur ou un comédien, que je peux estimer par ailleurs, tente de me rouler dans la farine et mon sang ne fera qu'un tour.
Bis repetita d'Emilie Noblet raconte l'histoire d'un professeur de latin du secondaire dont les élèves ne déploient aucune appétence pour la discipline, ce dont elle s'accomode en acceptant qu'ils vaquent à d'autres occupations pendant son cours et en les surnotant pour ne pas les contrarier et en faire elle-même le moins possible.
Si le but du film était de souligner que décidément les professeurs sont des fainéants et que leurs élèves qui ne valent guère mieux n'ont que ce qu'ils méritent, c'est une réussite. Que deux ou trois répliques soient drôles et nous fassent sourire ne change rien à l'affaire.
Si j'en juge d'après les ricanements de quelques spectateurs assis dans une rangée derrière la mienne, le film, qui n'est pas vraiment à l'honneur de l'école, semble donner grande satisfaction à ceux qui la dénigrent.
Si l'intention de la réalisatrice est de faire croire qu'on peut participer à un concours international de latin sans consentir tous les efforts pour vraiment l'apprendre et que le recours à quelques expédients et petites tricheries pourrait largement les suppléer, c'est nous bercer de dangereuses illusions mais surtout participer à une véritable mystification des élèves.
Ceux ou celles qui auraient un vieux compte à régler avec un bellâtre italien ou souffriraient d'une allergie à l'uniforme des élèves fréquentant les collèges et lycées privés suisses pourraient éventuellement trouver un intérêt à Bis repetita, d'autres pourraient voir dans le film une insulte à leur intelligence.
Non c'est non et il n'y a aucune indulgence à avoir pour ce film.