Seulement un extrait drop sur les réseaux m’aura donné envie d’aller voir Black Flies au cinéma.
Une séquence dure, impactante où la promesse de voir un film dans son jus, authentique et non porté par une histoire romancé et niaise… Alors, me suis-je trompé ? D’un côté non, car le film respecte ces partis pris et c’est ce qu’il y avait de mieux à faire à mon sens. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt…
Le film commence pourtant tambour battant, il nous prend d’un coup, nous met dans l’ambiance de l’intervention musclé des équipes d’urgentistes. On se retrouve caméra à l’épaule en POV inversé à suivre l’une des premières interventions d’Olie. Le son, les reflets rouges des phares, les perceptions qui se brouillent tant il est « dans sa bulle », le travail acharné pour sauver la victime dans l’ambulance, le contraste entre lui qui veut s’accrocher l’espoir et Rut qui, malgré lui, sait que c’est quasiment foutu. 10 premières minutes de putain de cinéma…
Mais la reproduction de ce schéma durant L’INTÉGRALITÉ du film (oui oui) alourdit carrément l’effet escompté. Pour la faire courte, sur 2h de film on a 1h30 qui tournent en boucle, reproduisant le schéma « Olie et Rut se préparent à la caserne, Olie et Rut sont dans l’ambulance à discuter de la vie, ils reçoivent un appel du central pour intervention, ils arrivent sur les lieux où c’est à chaque fois des drogués qui ne veulent de leur aide, des noirs qui se sont fait tirés dessus, des latinos énervés ou des membres d’ethnies minoritaires.
Tout ce mic-mac dessert beaucoup l’histoire dans son ensemble, ça aurait pu laisser du temps pour développer plus en profondeur les personnages principaux.
Si le développement d’Olie est pas trop mal (on ressent bien sa solitude mentale, son fonctionnement par pulsion, son calme mais aussi son humanité), celui de Rut est assez frustrant, on accroche au personnage car Sean Penn a du charisme mais son développement personnel passe à la trappe. L’histoire autour de son divorce dure 5 minutes chrono et débarque au milieu du film comme ça et repart aussi vite que c’est apparu, en d’autres termes : on s’en branle !
Les performances d’acting sont, pour les personnages principaux, très bonnes. Tye Sheridan, Sean Penn ET Michael Pitt offrent une palette complète avec de la dureté, de la rage, de la folie mais aussi du calme olympien. Mais il faudra m’expliquer qui a casté Mike Tyson et s’est dit « mais oui, mais c’est exactement le gars qu’il nous faut »… un vrai boulet qui te sort complètement du film.
Enfin bref, Black Flies n’est pas un mauvais film mais a la fâcheuse caractéristique de devenir ennuyant… Les mêmes schémas se répètent et empêchent au film de développer comme ils le méritent les divers personnages. Mise à part cela, on a une réalisation réussie qui nous plonge dans un milieu creepy, qui nous fait ressentir la solitude d’Olie et la dureté d’un New-York pas très catholique. Le son est partie prenante du film (je peux plus me voir une ambulance en peinture) tout comme la réalisation à hauteur d’épaule qui nous immerge dans chaque mouvements.