Quelle belle claque que le dernier long-métrage de Spike Lee ! Distingué en compétition officielle au dernier Festival de Cannes par le Grand Prix, BlacKkKlansman, adapté d'une histoire vraie, retrace la destinée invraisemblable d'un officier noir qui réussit à infiltrer le Ku Klux Klan pour anticiper de possibles violences. Bien que l'action se déroule au début des années 70, l'écho politique, sociétal et racial résonne encore très fortement aujourd'hui et c'est en cela que le film nous percute et laisse en nous une marque indélébile. En effet, c'est effrayant de constater que ce sont des minorités aux mentalités bornées qui stigmatisent et amorcent des mouvements de révolte et de haine aux conséquences si lourdes, et contre lesquels on se sent impuissants. Bien heureusement, Lee adopte un ton humoristique bien trouvé et efficace afin de tempérer cette colère et d'éviter tout fatalisme et cela permet d'accompagner habilement l'extraordinaire de ce récit. L'imagerie 70's, le grain photographique ainsi que la bande originale, alliés à une mise en scène moderne et rythmée signent un coup de maitre évident dans la filmographie de Spike Lee ! Narré de façon rassurante, mais non sans longueurs, BlacKkKlansman nous cogne de plein fouet dans la dernière demie-heure qui a l'effet d'une bombe à retardement, autant dans le suspense du scénario que dans la réalité que ça renvoie ! Est-ce une fiction qui entre dans la vague des films américains "anti-Trump" (à noter que Jordan Peele, qui avait lancé le mouvement avec Get Out, est ici producteur) ? Ou bien une biopic qui tombe à pique ? Ce qui est certain, c'est que c'est un coup de poing qui mérite de faire parler de lui. Le casting sert brillamment les dialogues savoureux, empreints de suspicions, de double jeu et de blagues. On découvre le talent de John David Washington (oui oui, le fils de Denzel !) qui assure dans son premier rôle principal. Adam Driver, qui joue sa doublure face aux membres du groupuscule, s'avère très comique et plein de subtilités. Et Topher Grace, dans le rôle du leader du Ku Klux Klan, est pitoyablement drôle mais au fond très dérangeant. Vous l'aurez compris, humour et provocations vont de paire dans ce pamphlet malin et jouissif. Après avoir beaucoup ri, il nous ouvre les yeux, nous fait une piqure de rappel de l'horreur injuste et intraitable du monde dans lequel nous évoluons...

alsacienparisien
9

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le 31 août 2018

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