Il y a ces films qu’on commence et qu’on ne termine jamais. Avec une amie, on a été maudite quand on a décidé de regarder pour la première fois Blackkklansman. Quelqu’un qui entre dans la chambre pour discuter, l’heure de faire les courses, puis celle de manger, la fatigue. Bref, il faisait partie de ces films qu’on commence et qu’on ne termine jamais. Jusqu’à ce moment, ces derniers jours, où l’histoire résonne trop fort. La fiction rencontre à nouveau la réalité et il fallait terminer ce que j’avais commencé.


Déjà, Blackkklansman, ça n’est pas une fiction. Ce qui renforce encore bien plus l’impact de ce film. Le pitch est simple mais des plus originaux. En 1978, Ron Stallworth, afrodescendant américain, décide d’infiltrer le Ku Klux Klan. Il est le premier homme afro-américain de la police locale et subit en permanence des remarques racistes de ses collègues. Après avoir réussi à quitter le département des archives, il infiltre différents mouvements. Le premier, défandant les droits des afro-américains. Le second, le Ku Klux Klan avec l’aide d’un policier juif (Adam Driver <3).


Ce film est tout simplement un petit bijou. D’abord, parce qu’il est tiré d’une histoire vraie très forte. On assiste vraiment au fonctionnement de cette Amérique nauséabonde, où les afrodescendants doivent subir les remarques, injures, injustices, violences, ... venant de partout. Au travail, dans la rue, … Ça ne s’arrête jamais. Si bien que certains dialogues sont complètement déconnectés de la réalité. Il faut s’accrocher pour la plupart des dialogues venant de membres du KKK qui donnent vraiment la nausée. Spike Lee réussit cependant à nous imposer une certaine distance critique. Le personnage principal garde toujours son sang-froid alors qu’il est directement visé. Ce qui donne donc souvent des situations un peu cocasses et même carrément drôles. Le film garde une certaine légèreté malgré le sérieux de son sujet. Il faut quand même noter quelques longueurs qui sont parfois nécessaires quand on sait que l’infiltration a duré plusieurs mois. Un autre point super intelligent est le montage du film. On se retrouve vraiment avec des coupes et des cadrages très années 70 qui rappellent même des BD ou comics de cette époque-là. C’est tout un contexte sociétal qui est mis en place. Le coup de génie réside probablement dans l’actualité que Spike Lee a rappelé à la fin du film. On retrouve des images d’archives de la manifestation « Unite the Right » à Charlottesville pendant laquelle un militant suprémaciste blanc a foncé sur la foule.


Ce film est une autre preuve (s’il en fallait encore) que le combat pour l’égalité est plus que jamais d’actualité. Il ne suffit plus d’être spectateur, il faut devenir activiste. Parce qu’ « il ne suffit plus d’être non raciste, il faut être anti-raciste. » Angela Davis.

ClaraWeerts
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le 3 juin 2020

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Clara W

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