Après m'être offert un très plaisant petit marathon spécial Ghibli, je m'attaque désormais à la longue et intense expérience de visionner une cinquantaine de films d'animation à la suite afin de replonger de manière plus adulte dans le pays de mon enfance, j'ai nommé Disney. Si j'ai été biberonnée aux Disney (ente autres), je dois quand même préciser qu'à la base, enfant, j'avais une sainte horreur de tout ce qui étais trop féminin malgré le fait que je sois une fille : belles robes, beaux princes et princesse ingénues m'ennuyaient systématiquement et profondémment. En vrai petit garçon manqué souvent complètement débraillée que j'étais, je préférais -de loin- les films avec un peu plus d'action. Ici donc, la nostalgie n'explique pas vraiment la note, car bien que j'aimais bien ce film, il n'a jamais été ancré dans mon coeur, puisque la seule chose qui me faisait rêver à l'époque était ce don qu'avait la princesse de parler aux animaux. Voilà pour le contexte, mais, je m'égare, alors hop, au boulôt (comme diraient les nains) !


Quand, en 2016, on (re)découvre Blanche-Neige et les Sept Nains, la première chose qui frappe est de constater que l'animation et l'aspect visuel n'ont pratiquement pas vieilli, et ce en 80 ans. En effet, avec son premier long-métrage, Walt Disney nous démontre à quel point son équipe et lui étaient des artistes à part entière, maîtrisant le dessin du bout des doigts. De nos jours encore, les superbes décors marquent par le grand sens du détail qu'ils comprennent, rendant chaque plan semblable à un tableau à l'aquarelle parfaitement éxécuté. L'animation n'est pas en reste. Sans défauts, nette, parfaite, on peut seulement lui trouver, à être très tâtillons, que les personnages semblent "surjouer" parfois, une caractéristique dûe à l'époque et qu'on ne peut attaquer. Visuellement, le film est merveilleux et ne peut être critiqué, ne serait-ce que pour les innovations apportées sur ce film : le réalisme des personnages principaux, notamment, était un grand défi à relever que les animateurs ont réussi haut la main, rendant Blanche-Neige extrêmement crédible dans son rôle de jeune princesse romantique et un peu naïve, et sa belle-mère, très réelle, au point de nous coller des frissons de crainte. À propos de la peur inspirée par la Reine, il est assez impressionnant de voir, aujourd'hui, la maîtrise parfaite des scènes de tension. On a beau dire que les Disney sont niais, si ça peut être le cas dans les histoires d'amour effectivement, il faut bien avouer qu'aucun studio n'a jamais osé aller si loin dans la terreur donnée aux plus jeunes d'entre nous et ce dès leur premier film. Les scènes où la Reine descend dans son laboratoire et se transforme en sorcière, celle où Blanche-Neige se perd dans la forêt et voit tout se transformer en monstres, sont réellement trés effrayantes et marquent les esprits par une réalisation impeccable. Ces scènes sont heureusement contrebalancées par d'excellents moments d'humour, apportés ici par les nains, dont les facéties apportent facilement l'adhésion. L'idée de génie de Disney aura été de différencier les petits hommes et de leur affubler un unique trait de caractère principal résumés par leur seul nom, créant dès lors des scènes mythiques. Simplet, muet, irrésistible, fait rire et attendrit. Quant à Grincheux, il se révèle étonamment touchant, notamment car il est le personnage qui évolue le plus dans le film, passant de la haine et de l'agacement pour Blanche-Neige à une sincère affection. La recette Disney, pour chaque larme un rire, était déjà en place, prête à servir de modèle pour des décennies, et plusieurs studios concurrents. Et elle fonctionne parfaitement.

Une autre chose qui impressionne, c'est la façon dont images et musique se conjuguent. Sans doute encore marquée par les cartoons, l'animation est en effet calquée sur la musique (ou l'inverse). Aussi, plus que de soutenir simplement l'action, la musique participe entièrement à la scène. Les personnages avancent en rythme, les sons de la musique et les bruitages se confondent, un objet tombe et une percussion parfaitement intégrée à la mélodie raisonne... le tout donne une harmonie parfaite, tout est fluide, rien n'est superflu, rien n'est déplacé, tout est lié. Les chansons de Blanche-Neige, universellement connues, soigneusement écrites, restent en tête et dans le coeur. En effet, qui ne connait pas "Un jour mon prince viendra" et qui n'a jamais chantonné "Heigh-Ho" en rentrant du travail ?


Le scénario est lui aussi maîtrisé à la perfection, enchainant moments plus legers avec drame, avant de se terminer en un mignon happy end, véritable marque de fabrique du studio. L'histoire, universellement connue, se voit de nos jours entachée par la passivité de Blanche-Neige. Le film est donc souvent rejeté pour le message qu'il renverrait aux petites filles. Certes, le personnage de Blanche-Neige paraît aujourd'hui bien fade, parfois même niaise, et bien des personnages sont plus marquants qu'elle. La naiveté et la candeur de l'héroine sont un sérieux handicap pour le spectateur d'aujourd'hui, qui souhaiterait voir la jeune fille se rebeller, au moins évoluer, ce qui explique aussi que l'on peut moins apprécier cette histoire que certaines plus modernisées ou dynamiques. Mais il ne faut pas oublier que ce film date des années 1930, et que la jeune héroine n'est ni plus ni moins que le reflet des jeunes filles de ces années, qui s'identifiaient sans difficulté à elle. Difficile donc de reprocher cet aspect... en revanche, le prince, lui, manque complètement de consistance et est transparent au possible, que ce soit dans son animation ou son "caractère" (qu'il n'a pas). Point faible du casting, même le chasseur a plus de présence que lui. En revanche, tous les autres personnages sont complètement attachants et agréables, notamment la reine, preuve qu'en 1937, Disney savait déjà faire des méchants proprement terrifiants !


Blanche-Neige est un classique, non seulement du cinéma d'animation, mais aussi du cinéma pris dans sa globalité. Si son scénario et ses personnages ont particulièrement vieilli, sa qualité artistique intrinsèque en fait une oeuvre d'art animée. Toujours un plaisir donc, et ce même pour les anciens petits garçons manqués qui se moquent de l'amour !

Presci1508
8
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le 20 août 2016

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Presci1508

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