Après un parcours honorable, dont The Constant Gardener un des trois meilleurs films de 2006 ( même si techniquement il devait dater de 2005, mais je l'ai vu en Janvier 2006 ) Fernando remet le couvert avec un film alléchant : une sorte de parabole sur la cécité de l'être humain face à l'horreur humaine, avec une photo blanchâtre des plus intéressantes. En plus y'a Mark Ruffallo.



Mais là, plantos-total !



Le film est tellement mal raconté qu'il en finit par devenir moralement indéfendable...



Car en fait, le premier problème, c'est que Fernando fait son film comme s'il n'avait aucun prédécesseur... ( alors attention, je vais citer Battle Royale et Children of Men à foison ). Les 20 premières minutes du film sont dédiées à découvrir le monde dans lequel évoluent les personnages, et quand un événement quasi-surnaturel intervient, on voit la réaction fascisante des hautes autorités ( donc là on est en plein Children of Men, vous suivez ? ). Puis le film se transforme en microcosme de la société, on isole une poignée de représentants de l'espèce humaine pour voir comment ça se passe et tirer les conclusions des rapprochements qu'on peut faire avec le monde extérieur ( Battle Royale ).



Sauf que Battle Royale se gardait bien de montrer frontalement le monde extérieur, à part dans un vague texte ( prétexte, oui ) au début, et Children of Men ne s'essaye jamais à la métonymie...

Blindness tente un grand-écart facial, et c'est la merde.



Parce que comme je le disais il y a trois paragraphes, le film est mal raconté. On apprend que les dortoirs se remplissent au fur et à mesure des arrivées, AU HASARD... Et quand les dortoirs sont remplis à capacité, on apprend que TOUS les membres du dortoir-3 sont que des hommes, et que des fils-de-putes ! ( Ah merde on avait dit 'pas les mamans' ! ) Bravo le microcosme : je ne connais aucun pays/ aucune ville/ aucune communauté au monde où c'est le cas.



Cette astuce narrative à la con aurait marché si le film s'était déroulé sur une sorte d'Ile du Club Med, où on aurait constaté une maladie de l'aveuglement-blanc et qu'on aurait fermé. Là les connards-de-violeurs auraient pu se réunir de leur plein gré...

Mais non, comme Fernando m'a montré le monde exterieur pendant 20 minutes, il me prive de croire tout ce qu'il fait dans le petit monde des dortoirs.


Cet impair ne serait pas si dérangeant si la suite n'était pas ce qu'elle est...
Alors pourquoi, me direz-vous, tricher avec la narration pour réunir les connards-de-violeurs dans un seul dortoir ? Bah c'est simple : pour qu'ils VIOLENT les femmes ! Whoaw ! Batards ! Voilà qui va choquer Cannes ! Et ils ont une raison de faire ça ? Ah non... On n'a qu'a dire qu'ils ont confisqué la bouffe... Mais au début Mark Ruffallo il a dit qu'ils s'étaient mis dans le dortoir-1 parce que c'est le plus proche de l'arrivée de bouffe. Et on a établi géographiquement que le dortoir-3 est déparé du 1 par un looooong couloir. Et moi je les ai pas vu prendre la bouffe, donc je sais toujours pas comment ils ont fait ( je rappelle qu'ils sont tous aveugles sauf une, qui est dans le dortoir-1 ). Donc il s'agit bien d'un prétexte fallacieux pour montrer des scènes de viols horribles et choquer dans les chaumières...


Je trouve cette démarche complètement dégueulasse, et, je le répète, moralement indéfendable.



Ensuite le film ne se contente pas de cette affront. Les rescapés d'un incendie criminel sortent des dortoirs et retrouvent le monde extérieur complètement délabré. Et là, on assiste à une série de scènes désopilantes complètement , dignes des plus grands ZAZ et autres Casino Royal de Martin Campbell...



A un moment donné, ils marchent à la queue-leu-leu, en se tenant les uns les autres, mais hop le dernier il lache la file, et il se perd.
Il se perd sans rien dire. Il appelle même pas les autres pour dire qu'il a lâché la file. Non rien. C'était juste pour montrer que la vie c'est la jungle, on perd des gens tous les jours, c'est con, hein ?



Après y'a une scène un peu longue mais qui se clôt par un gag à mourir de rire...
Alors Julianne Moore, elle, elle est pas aveugle, alors elle part à la chasse à la bouffe dans un centre commercial. Là, des aveugles zombiefiés errent dans l'espoir qu'il reste du pain de mie au rayon poisson... Bref, elle trouve une porte dérobée et arrive dans la réserve... qui est pleine de victuailles. Là je dis BULLSHIT ! Le film a établi que les gens devenaient AVEUGLES, pas COMPLETEMENT CONS ! Je suppose qu'il y avait des gens qui TRAVAILLAIENT dans ce magasin ! Ils n'ont pas pu OUBLIER la réserve !! C'est quoi ces conneries ? Bref le gag arrive : Julianne elle est dans la réserve et elle s'empiffre immédiatement d'un gros saucisson à même le mur !

Puis elle sort les bras chargés de sacs de bouffe, et elle retrouve son mari, et la elle lui donne... un Sundy.



Bwaaahahhahahaaaa !!!! J'imagine trop la scène !
- Tiens, Mark, mange...
- C'est quoi ?
- Un Sundy.
- Mais, c'est quoi que je sens là... ça sent le bon saucisson ! y'en a pas ?
- Non, non c'est que du Sundy, allez, mange, connard !


Non mais quelle pétasse ! Elle a réussi à lui pardonner une infidélité, parce qu'il était faible et vulnérable, mais partager le saucisson ? Ah non faut pas déconner quand même !!



Ensuite le film se termine sans plus de raison qu'il n'avait commencé, on apprend que le tout-premier-aveugle Japonais cesse d'être aveugle, et ça, pour tout le monde c'est une sacrée bonne nouvelle ! On nage en plein Groundhog Day, là. Donc l'équation finale nous donne : Children of Men + Battle Royale - ( intelligence + responsabilité ) x Groundhog Day = Blindness.

mikeopuvty
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le 30 sept. 2011

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Mike Öpuvty

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