Formé à l'école documentaire, le réalisateur américain Derek Cianfrance s'inspire de sa peur d'enfant de voir ses parents se séparer pour écrire Blue Valentine, un film qui parle de rupture mais pas seulement.

Les rencontres et les ruptures sont des moments insaisissables, presque magiques et qu'il est difficile de représenter fidèlement. Ce sont pourtant ces deux moments que Derek Cianfrance a voulu représenter dans Blue Valentine, sans prétendre comprendre ni expliquer la magie qui entoure les rencontres et les ruptures, mais, au contraire, en étant volontairement elliptique.

C'est l'histoire de Dean ( Ryan Gosling) et Cindy ( Michelle Williams). Ils se rencontrent, tombent amoureux, se marient, ont une petite fille, vivent heureux plusieurs années, ne se supportent plus, se séparent. Pas nécessairement dans cet ordre. Le film commence par la fin, nous mettant face à un couple en crise, puis par flashback reconstruit progressivement le tout début de leur histoire. Tout ce qui se passe entre les deux est totalement absent du film. On ne voit donc ces deux jeunes gens qu'à leurs extrêmes : dans l'euphorie des débuts de l'amour, dans la violence de sa fin. En ne montrant pas la progressive dégradation de leur relation, Derek Cianfrance met en évidence l'absurdité de la situation. Comment deux personnes qui semblent faites l'une pour l'autre, qui selon les codes cinématographiques devraient vivre heureux à tout jamais, peuvent-ils en arriver à se détester ?

La plus grande qualité de ce film réside dans l'interprétation parfaite de Michelle Williams et Ryan Gosling, et à la complicité visible qu'ils ont su faire naître entre eux et qui leur permet d'être radieux en jeunes amoureux et plus qu'émouvants en parents désabusés mais attachés à un amour passé. Mettant à profit son expérience documentaire, Derek Cianfrance a laissé une grande place à l'improvisation, sans pour autant délaisser l'écriture d'un scénario soigneusement ficelé, ce qui n'est pas étonnant quand on sait que ce travail d'écriture a duré douze ans! Blue Valentine est donc un film abouti, extrêmement bien maîtrisé, beau, léger, et ainsi de suite.
Queen-Bitch
7
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le 8 juin 2011

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