Bo Burnham: Inside par Harun Osmanovic

Il est difficile de ne pas appeler ceci un chef-d'oeuvre. Je ne connais pas le bonhomme, mais ce qu'il a fait avec ce spectacle est magistral. Un peu trop de chanson pour mon goût, mais à la limite, peu importe mon gout (et d'autant moins que les chansons sont plutôt réussies). L'exécution est absolument parfaite, la légèreté de la forme et la profondeur des thèmes abordés sont une exquise combinaison.
La maitrise des genres et formats web (comme la réaction Youtube à une chanson ou bien le live streaming d'un jeu vidéo) me rappellent (la référence est mal opportune et, a vrai dire, scandaleuse) les "clefs de bagnole" de Baffie dans le sens ou on voit a travers tout le film les effets "spéciaux" en action (mais, il est important de préciser, en un milliard de fois plus fin, subtil et réussi que Baffie).
Une comparaison avec le documentaire "This is not a film" du réalisateur iranien Jafar Panahi est certainement plus flatteuse, plus apte et plus juste. Le procédé est similaire, les deux non-films ayant été enregistré semi artisanalement dans un appartement - seulement la réalisation de Bo est bien plus aboutie. "Inside" m'a également fait penser, par moments, aux Monty Python - notamment dans l'aspect surfait de certaines scènes - ainsi que, à d'autres moments et sans que je comprenne exactement pourquoi, à "the Act of Killing" - peut-être tout simplement à cause de la dépression que les visionnages respectifs ont engendrée en moi.
Une critique de notre monde digital, une réflexion sur le confinement et la pandémie ainsi qu'un commentaire sur la santé mentale - le tout avec beaucoup d'humour et d'intelligence.
C'est un film/spectacle qui ne pourra pas être imité, mais qui, paradoxalement, va ouvrir de nouveaux champs d'horizon, de nouveau champs des possibles et recommandables.
On en reste bouche bee.