I've been looking for Bikini Bottom
Un deuxième film Bob l'éponge en 2015, c'est presque hallucinant. Seize ans après les débuts de la série (toujours en production), dix ans après le premier film, savoir qu'il y a potentiellement encore un public pour apprécier le what-the-fuckesque de cette série, ça fait quelque part plaisir. Cependant, la com' autour de Un héros sort de l'eau en faisait des caisses, comme si le fait de réunir le public de la série et du premier film, en plus d'en séduire un nouveau, n'était pas assuré. Vas-y qu'on te met de la 3D (qui, à première vue, avait l'air plutôt pas trop mal), qu'on fasse de tes personnages préférés des super-héros et, cerise sur le gâteau, de gros YouTubers font des voix. Nickelodeon sort la grosse artillerie, alors qu'en 2005, il se permettait de faire reposer la com' uniquement sur les larges épaules du Hoff. Il y avait de quoi être septique... mais on se retrouve quand même avec un film sympathique.
Que je vous prévienne avant tout, au cas où vous n'avez pas la force de lire tout ce qui va suivre : pas la peine de voir ce film en 3D. Ce serait payé bien trop cher pour bien peu de scènes.
Il se trouve que si l'on se base uniquement sur les miettes que l'on nous a données, on risque effectivement de se trouver déçu. Non, Un héros sort de l'eau n'est pas le film Bob l'éponge 3D que l'on a eu envie de nous vendre. En tout et pour tout, le passage en 3D dure une trentaine de minutes, tout le reste étant du dessin animé comme dans le matériau d'origine. Et comme le passage en 3D correspond à celui où les personnages deviennent des super-héros, vous comprendrez que même le titre du film n'est rien d'autre qu'une accroche commerciale.
Parce que qu'est-ce que raconte Bob l'éponge 2 ? Une fois de plus, Plankton veut voler la recette secrète du pâté de crabe qui fait le succès du Crabe Croustillant. Cette fois-ci, il a tout pour réussir : avion, tank, robot... Il réussit à se retrouver dans le coffre renfermant le mystérieux document mais alors qu'il lutte contre son adversaire spongieux, la recette disparait subitement, plongeant la ville de Bikini Bottom dans le chaos. Pour restaurer l'ordre naturel des choses, Bob et Plankton vont devoir s'allier. Au final, s'il n'y avait pas le pirate Steak Barbare (incarné par Antonio Banderas) introduit dès l'ouverture du film, on en oublierait presque qu'il y aura excursion à la surface, ni qu'il y aura de quelconques Avengers aquatiques.
Faute peut-être à un film qui part tellement dans tous les sens qu'on a l'impression qu'il met énormément de temps à démarrer. Pourtant, chacun des jalons du semblant de "scénario" apporte son lot de gags complètement barrés et bourrés de références à la pop culture de ces dernières années, ce qui fut vraiment une très bonne surprise, d'autant plus qu'elles n'arrivent pas de manière lourde pour dire "Hé, regarde, voici Bob l'éponge 2.0 !". L'ordinateur qui joue au Solitaire, le dino-calamar qui ne peut pas manger son pâté de crabes à cause de ses petits bras, l'univers so cute de Bob sont autant de petits clins d'oeil prouvant que Tibbit s'est éclaté à réaliser ce film. Sérieux, il y a même une parodie d'une célèbre série de vidéos YouTube, la chose que tu ne t'attendrais jamais à voir dans un long-métrage basé sur une série de ton enfance !
Ce qui m'amène au doublage (si si, il y a un lien). Il y avait de quoi être effrayée par la VF. Pour le premier film, on nous avait sorti, en pleine ère de la télé-réalité, Emma Daumas et Nikos Aliagas pour doubler deux personnages (respectivement la princesse et le méchant), doublage qui a finalement été refait. En voyant les noms de Cyprien, Squeezie et Natoo pour le deuxième film, j'ai cru qu'une fois n'est pas coutume, on a repris des noms qui parlent bien aux jeunes pour les appâter dans les règles, quitte à tout refaire une fois que l'on serait passé à autre chose. Eh bien vu les références très culture Internet du film, ça se tient, et il faut bien avouer qu'ils s'en tirent plutôt bien qui plus est. Même Squeezie est passé comme une lettre à la poste, c'est dire ! Enfin, une autre polémique faisait douter bien des fans de la première heure : en effet, d'une part Erik Colin, doubleur de Patrick, est décédé en 2013, laissant son poste emblématique vacant, et de l'autre, Carlo le calamar a changé de voix, surprenant ceux qui ne se sont pas intéressés aux épisodes les plus récents. Paradoxalement, Boris Rehlinger s'en sort plutôt bien en reprenant la voix de Patrick. C'est moins le cas pour Michel Mella, Henri Courseaux ayant marqué son empreinte vocale sur le calamar grincheux à la clarinette.
Un héros sort de l'eau n'est pas transcendant et n'a même pas le mérite d'avoir de scène culte comme son prédécesseur (du genre qui te permettrait de connaître David Hasselhoff au poil près). Il remplit pourtant son but premier, le divertissement, et le fait avec des ressorts comiques sympathiques. Après, c'est typiquement le genre de films à regarder pour déconner entre potes, il ne vaut pas vraiment qu'on sacrifie d'autres films en salle plus prometteurs.
