C'est presque une prouesse d'avoir réalisé un aussi mauvais film avec un casting habituellement très bon dans d'autres rôles.

La "structure" narrative, qui oscille grossièrement entre And Then There Were None et Clue sans rien y ajouter de nouveau ou d'intéressant.

Au niveau de la lumière, peut-être que l'utilisation des téléphones comme lampes torches sera saluée par des electros ou DOP, mais éclairer les visages des protagonistes avec la lueur de leur écran n'est pas crédible pour bon nombre de raisons techniques voir juste logiques: dans l'obscurité, lorsqu'on éclaire avec le flash au dos de son téléphone, on éteint souvent l'écran afin de ne pas être semi-aveuglé par cette source de lumière face aux yeux. Ensuite, s'il y a une coupure de courant, le réflexe de certain(e)s auraient sûrement été de sauver la batterie de leur téléphone pour une urgence en utilisant les lampes torches, clairement visibles dans le premier acte, ce que seule Jordan fait sans pour autant l'intimer aux autres, malgré sa nature autoritaire.

Ici vous pouvez spoiler !

Pour ce qui est de la batterie de la voiture, faire dire au personnage de Bee que c'est elle qui a vidé celle-ci en laissant la lumière allumée est d'un manque de subtilité énorme, il y avait déjà un gros plan d'au moins 3 secondes dessus lorsqu'elle a quitté la voiture au départ. Ce genre de rappel verbal est lourd, inutile et insultant pour tout public suivant un minimum le film. De plus il est illogique que Bee qui vient de voir un cadavre, et recouverte de sang, en présence d'inconnues, ait directement la présence d'esprit de se rappeler qu'elle a laissé la lumière du miroir allumée en quittant la voiture? Si on veut vraiment être de mauvaise foi et dire que l'adrénaline l'a au contraire aider à se concentrer, dans ce cas elle aurait plus tard instantanément mieux réagit/eu de meilleurs arguments lorsqu'elle est accusée d'être la meurtrière, au lieu de formuler son argumentaire bien plus tard, ce qui laisse amplement le temps aux autres de la virer de la maison et à Jordan le temps de trouver un pistolet.

Pour ce qui est de Jordan, au-delà de la nature unidimensionnelle de son personnage, j'invite qui veut bien et qui a le temps ou l'envie, d'analyser son jeu et celui de Zendaya dans Euphoria, plus précisément les scènes d'émotions colériques, la manière dont elles prononcent le mot "liar" est quasi indissociable. Clin d'œil? Changement de casting? Direction peu subtile? Qui sait?

Je ne vais même pas prendre le temps d'analyser le jeu de Pete Davidson à qui on a sûrement demander de juste être Pete Davidson, avec même une "blague" sur la 'vibe de mec qui baise' qu'il essaye de dégager, en référence peut être au sketch de SNL ou même à sa vie sentimentale sur-mediatisée.

Lorsque ce genre de commentaire "humoristique" semi-meta est mal exécuté ou pas entièrement assumé, on se rends compte que le film n'est plus là pour être regardé mais qu'il se regarde lui-même; et lorsqu'on voit au générique que cette scène avait bien d'autres répliques ou prises qui lui donnaient un autre angle, on se dit que le travail de montage et/ou de réalisation est vraiment bâclé. Le film est obsédé par lui-même mais insiste lourdement sur la nature narcissique et la préciosité ridicule des "millenials" qui sont depeints comme prétentieux et contradictoires dans leur propos. Ce qui fait doucement rire quand on prends en considération le ton condescendant d'une énième oeuvre clichée sur des jeunes protagonistes privilégiés.

Je ne met pas 1 car au moins le film durait en dessous de 2 heures, ce qui est sa seule qualité.

Doinel_
2
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le 29 sept. 2022

Critique lue 358 fois

7 j'aime

Doinel_

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