Book Girl
6.3
Book Girl

Long-métrage d'animation de Shunsuke Tada (2010)

Le syndrome de Toole et autres imbéciles conjurés.

Et pourtant, quand on y pense, ça commençait plutôt bien. Début simple et sans incohérence - si on exclut les cheveux de tôko, comme on les verra un petit peu plus loin dans l'animé - sérieusement, comment on peut faire des espèces de couettes aussi fines avec ces bestioles ? Bon, la fille névrosée qui mange des livres, le concept est un petit peu trop limite dans le symbolisme moyenâgeux snobinnard, mais ce n'est pas la faute du réalisateur, celle de l'intrigue de base, donc on peut lui laisser ce point.

Et puis, bien vite, ça devient un petit peu lourdingue : je passe sur les idées arrêtées que cela véhicule : écrire c'est imaginer, il faut écrire des histoires - et tout ce qui est littérairement important dans l'esprit des gens censés, ben, non. Le style, quézaco ? -. Donc on se retrouve avec un gnagna dégluti-pathosé totalement ahurissant, les étoiles et le ciel, et je vais voyager avec toi, et je cite des vers poétiques pour me rendre intelligent et je me comporte comme un adolescent immature qui écrit ses premiers alexandrins - pardon, haïkus - juste après. Magnifique. Ce genre de discours ne me dérange pas, quand on fait quelque chose de mignon et de léger. Pas lorsqu'on se prend au sérieux. Kenji Miyazawa, tu as dès lors l'autorisation de te retourner dans ta tombe.
Et puis, il y a un livre qui tombe du ciel, et une histoire sentimentale basée sous des souvenirs - ils ont dû recycler la scène de la chute une bonne cinquantaine de fois pour recycler l'animation. Ensuite, tous les protagonistes se retrouvent à l'hopital, qui va devenir, pour tout le reste du film, le lieu de rencontre incontournable pour tous les personnages, dont la moitié, malgré le fait qu'ils se portent très bien, demeurent alités. Bon. Il faudra demander s'ils ont des lits dans les réserves pour les visiteurs, ça pourrait faire un logement gratuit. On enchaine sur des personnages de plus en plus clicheteux, qui sont laissés à l'écart, on sort la salope de service dépressive, l'amoureuse transie, celui qui agit sans doute parce qu'il est amoureux de l'amoureuse transie qui est elle-même amoureuse de l'ami du gars. Enfin, c'est la seule logique possible, sinon, il est juste un con. Magnifique. L'autre parle d'étude, on en a pas grand-chose à faire.

Et puis ça se déroule, ça devient de plus en plus rapide, on est content, on oublie un peu comment on vient d'abuser intellectuellement d'un écrivain en rabaissant ses contes à une chopée d'histoires dépressives. La rousse donne une baffe à la suicidaire, on est content, la rousse est mise sur le carreau, on l'est moins, comme par magie, tous les personnages se retrouvent dans un monde rempli d'étoiles, ils redeviennent tous plein de bons sentiments, il y a des larmes, etc. Fun. Et on passe à la suite. Là, il y avait 15 000 scénarios possibles, et on tombe... Sur le plus niais, le plus gâche, le plus prévisible et le plus stéréotypé. Bon. Au moins, on nous a laissé espérer. Et puis le générique, et on se dit que cette histoire était bien émouvante - mais aussi épaisse qu'une feuille. Adios, on y pense plus.

Ce qui sauve au moins cet animé reste, justement, l'animation - certes pas excellente, mais qui est surprenante par l'exploitation de certaines émotions, les traits du visage, etc. Des mouvements de tête, des brusqueries. Pour le coup, l'animation, la musique, remplissent bien leur rôle. Et c'est ce qui sauve le tout.
Shalynia
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le 21 mai 2013

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Shalynia

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