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Break Away démarre plutôt bien. De l’agitation, trois hommes haletant perdus dans une immense forêt, des soldats à leur trousse, un hélicoptère en survol. Est-ce une escarmouche ? Sont-ils des soldats en terrain ennemi ? Nous sommes dans le flou avant de comprendre que nous avons à faire à trois soldats qui viennent de déserter pour des raisons qui leurs sont propres. On apprendra au fur et à mesure ce qui les a véritablement motivés à franchir le pas. Ce qui frappe tout d’abord, c’est que cette « chasse à l’homme » est très loin d’être amicale. Les soldats qui les prennent en chasse n’hésitent pas à tirer de vraie balle pour tout bonnement les abattre. On ne rigole pas avec les déserteurs. Nous allons vivre quotidiennement avec des hommes qui pénètrent de plein fouet dans une bataille contre la montre pour la survie. Sans rien révéler, nous suivrons par la suite deux de ces hommes ainsi qu’une femme, l’amie de l’un d’eux dans leur fuite désespérée. On peine à croire tout du long qu’ils puissent connaître une échappatoire sans heurt. On le sait au fond de nous. De telles histoires ne peuvent bien se terminer. Tous les trois destinés à une oraison funèbre qu’on imagine sanglante. Et l’ironie du sort en toute fin de métrage n’en sera que plus fataliste.


Break Away est plutôt bien foutu avouons-le. Lee Song Hee-il sait mettre en scène, il n’y a pas de doute là-dessus. Il y manque peut-être une touche un peu plus personnelle. La construction de son récit est linéaire, l’action monte en puissance jusqu’au dénouement finale, pas de problème de ce côté-là. Nous suivons les personnages durant six jours, chose qui n’est pas inintéressante en soit, et le cinéma regorge de ces films de cavale qui s’ils sont bien faits font passer un bon moment mais… mais ici, je regretterais pour ma part un côté caricatural et prévisible. Caricaturales sont les situations qui poussent les soldats à déserter. Break Away donne le sentiment de rejouer des motivations vues et revues avec des personnages qu’on retrouve souvent au cinéma. A la limite, ça passe. Ce n’est pas originale mais ne faisons pas non plus la fine bouche. Là où c’est plus embêtant c’est sur sa « prévisibilité ». On sait par avance comment les choses vont se dérouler (au-delà de la fin qu’on imagine « noir »). L’un appelle sa sœur pour la voir. Qui débarque ? La cavalerie ! L’autre veut voir sa mère malade et forcément qui se cache à proximité ? La cavalerie ! Il y a d’autre moment du même type qui montre que pour le coup l’originalité n’est pas le fort de Lee Song Hee-il.


Break Away est le genre de film qui se laisse regarder, qu’on contemple avec une certaine émotion tant qu’on se laisse convaincre par son histoire et ses personnages. Il est ce qu’il est. Pas un grand film. Pas une réussite totale mais un film potable qui, exempt de ses défauts, aurait pu être un film d’une puissance singulière. Ce qui est malheureux donc c’est qu’il n’échappe pas à quelques autres poncifs comme les envolées musicales pas toujours justifiées qui gâchent ce spectacle ou encore ses longueurs où l’ennui pointe à plusieurs reprises et où, disons-le, des scènes n’avaient rien à faire là. On aurait très bien pu s’en passer, et le film n’en aurait été que plus estimable. Sans ça, Break Away était à deux doigts d’être un film, pas majeur en soit mais (tout de même) d’une puissance évocatrice sur la dénonciation de l’état d’esprit et des agissements qui règnent dans l’armée. Une armée composée de soldats qui avant de l’être sont avant tous des hommes.

IllitchD
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le 7 sept. 2013

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