Le western opéra
Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...
Par
le 6 avr. 2018
121 j'aime
96
En farfouillant dans mes fiches bristol que je confectionnais à une époque sur les films qui passaient à la télé et sur lesquelles je notais mes impressions (j'étais déjà organisé), je retrouve mes notes sur ce film que j'avais bien aimé et qui n'a hélas pas bénéficié d'une édition en DVD.
C'est un polar totalement méconnu voire quasi oublié, à part des vieux amateurs de polars à la française comme moi, il ne passe plus à la télé depuis des années, même pas sur les chaînes cinéma, la preuve c'est que la fiche du film sur SC n'avait même pas de critique, c'est donc un oubli bien injuste, et j'avais envie de le faire connaître.
Il semblera sans doute un peu vieillot ou un peu dépassé, c'est selon, mais j'aime particulièrement cette atmosphère de polars français des sixties, celui-ci est conçu pour mettre en valeur la célèbre "brigade", exploitant le filon du polar d'atmosphère avec quelques scènes remuantes, ainsi que le roman d'Auguste Le Breton, ancien marginal repenti devenu écrivain, connu pour être l'auteur de la série des "Rififi" et surtout du "Clan des Siciliens" dont Verneuil fera une adaptation prestigieuse en 1969 ; avec Albert Simonin et José Giovanni, Le Breton est l'un des inventeurs du style "Série Noire" à la française en employant une langue verte souvent pittoresque et imagée. Son roman est ici transposé à l'écran par lui-même et Bernard Borderie dans un contexte d'époque (l'action du roman se situant dans l'après-guerre).
C'est donc une histoire de gangsters, avec un côté viril bien assumé dans le style de polars comme Du rififi à Paname ou Mise à sac tournés dans la même période, et plusieurs polars du début des années 70 adopteront ce style qu'on retrouvera dans les Hommes, la Part des lions ou le Mataf. Borderie n'était sans doute pas celui qu'on attendait à la réalisation, plus familier du style cape et d'épée, on le connait d'ailleurs pour avoir signé la saga des Angélique et probablement la meilleure version française des Trois mousquetaires (en 2 parties), mais d'un autre côté, on se rappelle qu'il a réalisé la Môme vert-de-gris, un des meilleurs polars "Série Noire" des années 50, d'après Peter Cheyney, avec l'ineffable Eddie Constantine.
Pour Borderie, c'est aussi l'occasion de diriger à nouveau dans un autre contexte son vieux copain Robert Hossein entre 2 Angélique et à qui il confie le rôle principal du commissaire Le Goff, chef d'une bande de flics incorruptibles. Le réalisateur ne prend pas de grosses vedettes mais un panel d'excellents comédiens du théâtre et du cinéma, puisqu'on y retrouve pêle-mêle outre Hossein, Raymond Pellegrin en chef de gang, Philippe Lemaire, Michel Creton, Patrick Préjean, Michel Galabru, Pierre Clementi, Gabriele Tinti (petite exigence de la co-prod franco-italienne) et aussi des gars comme Robert Dalban et Dominique Zardi qui campent des figures de petits truands pittoresques qui se définissent par leurs surnoms de "Paletot-de-Cuir" et de "P'tit Nantais", tout un programme.
A noter que le gangster incarné par Pellegrin se nomme Sartet, nom qui sera réutilisé dans le Clan des Siciliens, également une adaptation co-écrite par Le Breton et Verneuil. Voila donc un bon polar qui mériterait un jour une belle édition en DVD, je l'espère de tout coeur.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes les Meilleurs films policiers (partie 2), Polars français, Les meilleurs films avec Michel Galabru, Les meilleures pépites méconnues du cinéma et Mâles d'hier et d'aujourd'hui
Créée
le 29 juin 2020
Critique lue 408 fois
8 j'aime
7 commentaires
Du même critique
Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...
Par
le 6 avr. 2018
121 j'aime
96
Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...
Par
le 10 juin 2016
95 j'aime
59
On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...
Par
le 4 déc. 2016
95 j'aime
45