Promis, je ne vais pas spoiler tout le film ! Je l'ai fait une fois (salut Mother!) et je doute que je le ferai. Et pas du tout sur ce film. Donc après le film qui a divisé mes éclaireurs en 2 camps, voici le film qui a reçu le Prix du Jury dans le Festival de Deauville avec ... Chris Colombus à la production ? Ok. Vu en cinexpérience, je me demandais quel genre de film s'était et force est de constater que ce film est...intéressant d'un certain point de vue, mais pas du tout d'un autre. Pas particulièrement bon, pas particulièrement mauvais mais plutôt moyen.



Joshua simple



Ce film est...bof. La réalisation est plutôt sympathique. Elle fait très téléfilm de part son image voire docu-fiction. Cependant, la mise en scène compense beaucoup ce défaut de qualité, vu qu'elle multiplie les gros plans (un point commun avec Mother! Tiens !) et les plans américains. Elle se veut fonctionnelle et à quelques instants donne de la profondeur au récit. C'est très ponctuelle (notamment à la fin) mais c'est un point à souligner. Autre chose bien vu, les plans de début et de fin de films qui se font écho (eux...c'est moi ou tous les films que je critique ont exactement les mêmes mécanismes de réalisation ?). On part d'un homme lambda perdu dans la foule et on finit avec un homme lambda dans la foule. La musique est utilisée sporadiquement et souligne le films à quelques moments précis. Cependant, je trouve le film vraiment enfermé. Ce n'est pas un défaut en soit mais cela fait qu'il difficile de situer le lieu du récit. A un moment donné, j'ai bien cru que c'était en Israël tant le film nous enferme dans un microcosme. Mais je pense qu'il s'agit d'une volonté du réalisateur de montrer que l'action se situe dans un monde à part et nous plonger à corps perdu dans l'univers des juifs Hassidisme, à savoir des juifs orthodoxes encore plus strictes que les juifs orthodoxes modernes (mais bon on va y revenir). Le film est quand même bien rythmé mais bon, la réalisation est globalement fonctionnelle et fait très docu-fiction.



Menashe ce héro



Au niveau des personnages nous avons Menashe (Menashe Lustig) qui donne son nom au film en V.O. Le personnage est aussi Hassidique que l'acteur. Et ...c'est un problème. J'ai vu beaucoup dire que le personnage est sans émotion, qui ne donne pas envie de le suivre etc...Et, ils ont raison. Mais il est sensé être sans émotion, vu qu'il vit dans un monde juif orthodoxe très conservateur. Et malgré ça, on arrive à suivre ses aventures (ou mésaventures) de ce veuf qui veut tout faire pour mériter la garde de son fils et prouver à son beau-frère qu'il mérite cette garde. Mais sa maladresse fait que ce ne sera pas facile, surtout qu'il refuse de se remarier. Cela dit, même en étant aussi atone qu'il faut lettre pour une personne de ce milieu, il n'incite pas à le suivre, même quand les événements sont dépassés. Ce film nous montre par A+B que ce n'est pas parce qu'un personnage est sensé être sans émotions que cela le rend intéressant. Mais, bon pour être honnête, il a quand même quelques scènes sympathiques comme ses moments de beuveries qui lui permet de dévoiler une facette plus sympa et le rendant plus débonnaire.


Eizik (Yoel Weisshaus) est son beau frère qui ne le considère pas apte à s'occuper du fils de ce dernier. Il est aussi strict voir plus que Menashe et mettra en doute sa capacité de s'occuper de Rieven (Ruben Niborski). D'ailleurs c'est assez étonnant la différence entre les 2 visuellement. Eizik étant habillé bien plus strictement au début avant que Menashe sera visuellement plus raccord à la fin montrant, le coté plus conforme d'Eizik et plus relâché de Menashe. Bref, bien que le film suit en grande partie Menashe, Eizik a quand même des interventions assez remarquable.


Je ne parlerai pas du Rav (Meyer Schwartz) ou de Rieven qui pour le coup est le personnage le plus attachant du film et parler d'un gros problème du film. Son coté enfermé et masculin.


Cela pose problème car mis à part les 2 employés latinos, il n'ya pas d'autres rôles marquants. Je peux comprendre que vu le milieu le réalisateur a préféré se concentrer sur ce qui parait important pour lui, mais cela fait un film vraiment enfermé. Il n'ya qu'à 2 moments où on voit des personnages féminins ! Et pour un film qui montre la difficulté de voir un père de famille de s'en sortir seul, pourquoi ne pas donner un rôle féminin important ? Comme la fille de la voisine par exemple ! Elle n'avait pas l'air trop jeune visuellement. Mais non, on a que Menashe qui se débrouille seul avec son fils tout le long et qui lutte avec son beau-frère pour la garde. Ce qui m'amène à mon dernier problème, l'histoire



A qui s'adresse le film ?



C'est la grosse question. La thématique est intéressante, mais ...à qui elle s'adresse. L'histoire, si elle est quand même bien racontée est basique de chez basique. C'est le même style d'histoire que le film Mary sorti récemment. Mais au lieu de ce concentrer sur l'enfant, on se concentre sur l'adulte. Et mise à part le milieu de juif Hassidique, l'histoire ne diffère pas trop que des films du style Nuits Blanches à Seattle ou Mary ou tout autre films qui met la monparentalité au centre de l'intrigue. La plu-valu du film se retrouve très vite lassant à cause de l'univers en vase clos que donne le film. D'où cette question, pourquoi ne pas avoir un personnage plus neutre et extérieur au milieu comme témoin ? Bon ok, il y a les latinos catholiques mais il n'interviennent qu'une fois ! Une bonne intervention mais quand même !


Et le final, alors là, je ne comprends pas. Il se rend compte que malgré tout ses efforts, il ne peut pas élever son fils seul et qu'il décide de voir la marieuse afin de se mettre en couple


La seule chose qui est intéressante sur son personnage est son désir d'élever son fils et ses remords compte tenu du milieu hassidique lui a contraint à faire


En effet, Menashe s'est marié à la sœur de Eizik par devoir et non par amour au point qu'il n'a rien ressenti quand elle est morte


Et c'est un point intéressant afin de comprendre le ressentiment que peut éprouver son frère ainsi que les doutes de son fils le concernant (son fils se comportant plus comme son ange gardien par moment. Seulement voilà, l'univers n'est intéressant que si on veut suivre vraiment les aventures de ce personnages dans un milieu très stricte et renfermé. Bref, c'est l'un des rares films où les intentions de bases du réalisateur ne sont pas intéressants pour le grand public.



Un film qui se restreint lui même



Ce film possède autant de bons points que de points pas franchement intéressants. Ce n'est pas un mauvais film en soit, mais je doute que beaucoup de personnes trouveront le film recommandable, tant la thématique et l'univers est très spécial. Il faut vraiment vouloir connaître le milieu des juifs Hassidiques avec leurs rites et coutumes et le film ne laisse pas de place aux éléments étrangers. Bref, du début à la fin on est dans ce milieu et il n'y a guère que les ouvriers latinos qui sont vraiment extérieurs à ce milieu. Du coup un film intéressant d'un certain point de vue mais qu'au final se révèle plutôt fait pour un public restreint

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le 14 sept. 2017

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Neo Cosmic

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