Bu Su
Bu Su

Film de Jun Ichikawa (1987)

Jun Ichikawa, un peintre de Tokyo

Le titre n'est pas de moi, mais celui que la Maison du Japon avait donné à la rétrospective qu'elle lui avait consacré en 2012. En 1987 Jun Ichikawa réalise son premier long-métrage, Bu.Su (Les Complexées en français) alors qu'il va avoir quarante ans. Derrière une histoire a priori légère, celle de Megiko (Yasuko Tomita), une adolescente introvertie et complexée quittant sa province natale pour aller vivre chez sa tante qui tient une maison de geishas à Tokyo, où elle va devoir faire face à une intégration difficile au lycée et à une éducation à la dure dans le monde des geishas, Ichikawa aborde des thématiques très sensibles : la notion de groupe social au Japon, corps hermétique tout-puissant qui écrase les individus. La pression sociale, l'exculsion, les brimades, le bizutage. Le suicide. La prostitution des jeunes femmes. Les violences faites aux femmes (ni vu ni connu je te balance deux-trois gifles dans la gueule) et plus généralement la place faite aux femmes dans cette société japonaise en pleine réussite de la fin de l'ère Shôwa (1987 correspond à l'apogée du "miracle" économique japonais).

En ce sens, par le traitement de ces sujets délicats et une réalisation qui relève parfois du film d'essai, on retrouve des éléments caractéristiques de la Nouvelle Vague japonaise et on ne peut s'empêcher de penser aux premières œuvres de Nagisa Oshima comme Contes cruels de la jeunesse ou L'Enterrement du soleil. Parlons de la réalisation, servie par une photographie exceptionnelle, un des plus beaux portraits de Tokyo et de cette période qu'il m'ait été donné de voir. Si la mise en scène est parfois nerveuse, caméra portée, montage elliptique, gros plans, contre-champs, on devine la liberté qu'a obtenue Ichikawa pour ce premier long-métrage.

Ici pas de happy ending. Le beau-gosse dont s'entiche Megiko échoue lamentablement dans son combat de boxe, une camarade de classe disparaît en cours d'année (suicide, fugue ?), un autre est exclu, bref il y a toujours une chaise vide dans cette classe. Megiko elle, sur le point de reprendre sa vie en mains et de se reconstruire à travers une performance de danseuse, se casse littéralement la gueule sur scène lors du spectacle de fin d'année et redevient la risée de tous ses camarades de classe.

J'ai vraiment hésité à "donner" un 8, tellement l'ambiance pop-80's de cette époque est bien retranscrite. Je reverrai sûrement ma note plus tard.

Yushima
7
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le 27 juin 2023

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