Après un Tokyo Fist survolté, Shinya Tsukamoto aka l'auteur du perturbant Tetsuo, nous balance Bullet Ballet, un film toujours aussi visuellement claquant cette fois-ci tourné en noir et blanc, comme ses premiers films.

Shinya nous dépeint ici un Tokyo lugubre, brumeux, étouffant, violent, pour ne pas dire magnifique, presque cyber punk sans une once d'humanité.
Un type ordinaire, incarné par Shinya et son jeu d'acteur parfait habituel, apprend que sa femme meurt à cause de la drogue. Ensuite il sera obsédé par le fait d'avoir une arme à feu et se rapprochera peu à peu d'une bande junkies/dealers en cuir façon blousons noirs, dont une nana mono-expressive obnubilée par la mort.

Autant être honnête c'est à peu près tout, ça se ballade, ça se castagne, la caméra bouge dans tous les sens - le chaos maitrisé habituel du réalisateur - avec des montages très réussis sous fond de musique industrielle détonante.
Shinya leur colle aux basques pour progressivement les rejoindre dans leur univers.
La fin est aussi absurde et incompréhensible, mais toujours autant réussie artistiquement.

Très limite dans l'ensemble et surtout difficilement analysable tout en étant austère, Bullet Ballet est un film difficile d'accès. Heureusement le trip visuel et l'ambiance rattrapent beaucoup et donne un gros cachet au film, jusqu'à marquer véritablement.

> Mise à jour :

Après avoir vu une interview de Tsukamoto sur son film, j'en comprends nettement mieux le sens.
Au Japon, il y a très peu d'armes à feu, même les "gardiens de la paix" n'en ont pas.
Il y a donc toujours eu une certaine obsession pour ces armes (généralement importées) par pas mal de japonais, une certaine frustration de souvent devoir en rester au sabre pour se défendre (on voit d'ailleurs souvent les Yakuza garder cette habitude, coïncidence ?).
Je comprends donc nettement mieux le personnage incarné par Shinya : il veut se venger absolument, mais il est faible, et il est évidemment impossible pour lui de se procurer un revolver, d'où cette obsession viscérale (avec flashbacks en tout genre) d'en obtenir une.

Je compte donc revoir le film pour mieux en capter l'essence, et je le recommande par la même occasion.
Raoh
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le 22 févr. 2012

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Raoh

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